Les parents font état de multiples entraves et difficultés d'accès à la scolarisation de centaines d'élèves handicapés. «L'Algérie ne dispose que de 240 centres spécialisés pour la prise en charge d'environ 3 millions de handicapés moteurs.» Cette triste constatation a été révélée hier à L'Expression par Mme Atika El Mamri, qui présidait à une rencontre-débat sur la rentrée scolaire des enfants handicapés moteur. C'est dans un climat émouvant avec la présence de nombreux impotents, accompagnés de leurs parents sur les visages desquels se lisait tout le chagrin d'une vie suspendue au bien-être recherché de leur progéniture handicapée, que s'est déroulée cette rencontre-débat qui s'est tenue hier au centre de presse El Moudjahid. Mme El Mamri, présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs (Fahm), elle-même handicapée, a prononcé une allocution dans laquelle elle a fait état des multiples entraves et difficultés d'accès à la scolarisation de centaines d'élèves handicapés moteur atteints de myopathie ou autres affections invalidantes. «Aucun centre d'orientation pour ces parents désemparés n'existe, non plus» s'est plaint Mme El Mamri qui a regretté que les différents articles de loi ne soient pas respectés par les établissements scolaires comme celui de placer ces élèves dans des salles de classe situées au rez-de-chaussée et non aux étages supérieurs. Elle citera l'exemple d'une élève handicapée qui se déplaçait en fauteuil roulant motorisé qui a été empêchée d'utiliser son moyen de locomotion à l'intérieur de l'établissement. Persévérante, la jeune collégienne a brillamment terminé son cycle universitaire en décrochant sa licence dans la filière suivie. Tout un chacun parmi les parents présents, a exposé son cas particulier, l'un plus douloureux que l'autre, c'est dire combien est profonde la souffrance de ces parents marginalisés, pour ne pas dire ignorés par toutes les instances officielles. Ainsi, Mme Graba Abbès déplore que son fils Larbi, âgé de 14 ans, ne puisse se déplacer pour aller à l'école faute d'ascenseur. Habitant au 14e étage de la cité populaire algéroise de Diar El Djmaâ (Bachdjerrah), son enfant, qui a des capacités intellectuelles appréciables, ne peut avoir des rencontres avec d'autres enfants si nécessaires pour son évolution. Il «existe», c'est tout, reclus chez lui sans le moindre contact...raconte-t-elle sans pouvoir retenir ses larmes qui coulaient sur un visage meurtri par la douleur, mais digne et courageuse. Il serait fastidieux de citer ici tous les cas particuliers exposés par ces parents éplorés, qui habitent tous Alger, mais il faut dire que cette rencontre avec la presse a rempli d'espoir plus d'un qui souhaite une écoute particulière auprès des pouvoirs publics. Ailleurs dans le pays, le mal est plus poignant par manque de moyens, d'instruction, d'information, d'orientation... Pour comble, aucun représentant du ministère de la Santé que dirige Ould Abbès, ni celui de la Solidarité nationale et de la Famille, que pilote Barkat ni encore moins le département de l'éducation nationale conduit par Benbouzid, n'ont daigné marquer de leur présence cette rencontre-débat qui, pourtant les concerne tous à différents degrés. Leur participation aurait certainement apporté un encouragement des pouvoirs publics à ces pauvres malheureux. Invitée par L'Expression à donner son opinion sur ce pénible problème, Mme Veuve H.A.B.N. professeur à la retraite et néanmoins présidente de l'association SOS de Kouba, a estimé que «tout le système de la prise en charge des handicapés est à revoir par le ministère concerné.» Elle a insisté également sur «la formation, avec un statut, des cadres et éducateurs spécialisés dans le paramédical, toutes filières confondues, y compris des psychologues cliniciens. Avec ce potentiel, la douleur des parents de handicapés serait certainement allégée et les malades réconfortés».