Selon les observateurs, l'indépendance devrait largement l'emporter dans le Sud, région chrétienne et animiste éprouvée par une guerre de 20 ans. Le vice-président soudanais, Ali Osmane Taha, a promis vendredi soir devant l'ONU que son gouvernement accepterait le résultat des référendums prévus en janvier qui vont vraisemblablement consacrer la séparation du Soudan en deux Etats. Le vice-président, qui s'exprimait au cours d'un sommet consacré au Soudan au siège de l'ONU à New York, a souligné que l'unité était la solution privilégiée, mais il a reconnu le droit «du peuple du sud de choisir autrement». «Nous faisons face à nos responsabilités. Le résultat des référendums sera accepté par notre gouvernement», a-t-il dit. Selon Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine, «ce qui est important, c'est que les deux vice-présidents soudanais (Ali Osmane Taha et Salva Kiir, leader du Sud-Soudan) se soient engagés, chacun dans des discours qui n'étaient pas concertés, à respecter l'accord global de paix, et également la date du référendum et les résultats quels qu'ils soient». Peu avant, le président des Etats-Unis Barack Obama avait exigé que les référendums s'effectuent dans le calme et à la date prévue, et affirmé que les habitants du Soudan «ont besoin de la paix». Dans un communiqué final, les participants au sommet «s'engagent à surmonter les défis politiques et techniques qui demeurent et à s'assurer du fait que les référendums se tiendront le 9 janvier». «Les parties de l'accord de paix (conclu entre le nord et le sud en 2005) ont exprimé un engagement fort à fournir tous les efforts pour assurer des référendums pacifiques, crédibles et à la date prévue qui reflètent la volonté du peuple soudanais, comme stipulé dans l'accord de paix», ajoute le communiqué. Les pays participants «confirment leur engagement à respecter le résultat des référendums et à aider les Soudanais à obtenir une paix durable dans tout le Soudan, dans la période qui suivra les référendums». Outre M.Obama, les présidents rwandais, éthiopien, kenyan, ougandais, gabonais et de nombreux dirigeants occidentaux prenaient part à ce sommet. Ces dirigeants ont voulu par leur présence témoigner de la solidarité de la communauté internationale à un peu plus de 100 jours d'un référendum qui verra le Sud du Soudan choisir entre l'unité avec le Nord ou l'indépendance. Un deuxième référendum concerne la petite zone d'Abyei, qui devra choisir entre le Nord et le Sud. Selon les observateurs, l'indépendance devrait largement l'emporter dans le sud, région chrétienne et animiste éprouvée par une guerre de 20 ans contre Khartoum. «A l'heure actuelle, le sort de millions de personnes est en jeu. Ce qui se produira au Soudan dans les jours qui viennent pourrait décider si ces gens qui ont souffert de trop de guerres avancent vers la paix ou retombent dans un bain de sang», a encore dit M.Obama. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi souligné que le référendum devait être «pacifique» et «exempt de toute intimidation». «Les enjeux sont élevés pour le Soudan, pour l'Afrique et pour la communauté internationale», a-t-il ajouté. «Les Soudanais ne peuvent pas se permettre une reprise du conflit, nous devons tous les aider à trouver une voie pacifique», a-t-il ajouté dans une référence à deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud qui ont fait quelque 2 millions de morts avant de se terminer sur l'accord de paix de 2005. Les référendums faisaient partie de l'accord de paix de 2005. Les diplomates soulignent que la préparation du scrutin a pris beaucoup de retard. Nombre de dirigeants du monde craignent que si le vote est retardé, ne fut-ce que de quelques jours ou semaines, le Sud-Soudan ne déclare une indépendance unilatérale, déclenchant un nouveau conflit.