La fluctuation des prix des céréales n'inquiète pas les autorités, même si un problème des prix va surgir en 2011. La production des céréales ne cesse de reculer et leurs prix flambent au niveau mondial. Mais l'Algérie ne s'en inquiète pas pour autant. En effet, le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) affirme que l'Algérie, l'un des plus grands consommateurs de ce produit, disposait «d'un stock de sécurité pour deux ans». Les quantités de céréales importées par l'Algérie de janvier jusqu'à août 2010, étaient de 168 millions de tonnes. Cet optimisme affiché dans une déclaration faite à la presse n'est pas partagée par les économistes. Abdelmalek Serraï, expert et consultant international, indique qu'on ne serait pas à l'abri de la fluctuation des prix des céréales malgré l'importance des quantités stockées jusqu'à maintenant. «Les quantités de céréales stockées risquent de baisser sensiblement vers le début de l'année 2011», a-t-il fait remarquer. «Et nous risquons de payer très cher les importations», a-t-il ajouté. Concernant la production céréalière nationale, qui a baissé à environ 27% par rapport à 2009, M.Serraï précise: «Les chiffres concernant la production nationale sont gonflés.» «La manipulation des statistiques nationales est organisée par certains minotiers et agriculteurs. Certains minotiers importent une quantité supérieure à leurs quotas. Ils la revendent aux agriculteurs qui bénéficient de primes, ces derniers l'envoient par la suite à l'Office algérien interprofessionnel des céréales», explique-t-il. Ce n'est pas pour autant que les Algériens maqueront de pain. Mais le risque d'augmentation du prix des produits alimentaires à base de céréales, comme le pain et les pâtes, n'est pas à écarter. D'ailleurs, même au niveau mondial, le scénario de la crise alimentaire mondiale 2007-2008 ne va pas se reproduire de sitôt. C'est ce qu'a affirmé, vendredi dernier, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à l'issue d'une réunion extraordinaire. Des expert venus de 75 pays se sont réunis, effectivement, pour discuter de la hausse des cours des céréales. Surtout après la mesure adoptée par la Russie d'interdire l'exportation de céréales à la suite de l'effondrement des récoltes en raison des incendies. «Bien que le prix du blé sur le marché international ait bondi de 60 à 80% depuis juillet et le prix du maïs d'environ 40%, il n'y a pas d'indication d'une crise alimentaire mondiale proche», avait expliqué la FAO dans un communiqué. Le prix de la tonne de céréales est, actuellement, de 300 dollars. Cette institution avait également précisé que la récolte de céréales en 2010 «devrait être la troisième plus importante, jamais enregistrée». Une «récolte défaillante imprévue» et les «politiques nationales et des comportements spéculatifs» seraient, selon les experts, à l'origine de cette envolée fulgurante des prix. Cependant, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) n'avait pas écarté, pour autant, «la menace majeure» que constituait cette hausse des prix des denrées. Il est à rappeler, que les pénuries alimentaires ont été à l'origine d'émeutes dans les pays en développement. Parmi les recommandations qui ont été faites par les participants à la réunion organisée à Rome, l'exploration «de nouveaux mécanismes pour améliorer la transparence et la gestion des risques associés aux nouvelles causes de volatilité des marchés».