«Il revient, donc, au gouvernement de veiller à la conduite de ce programme sans retard ni réévaluation(...)», a martelé le chef de l'Etat lors du Conseil des ministres de mardi dernier. Gare aux retards et aux excès budgétaires! Le président de la République a averti qu'il ne tolèrera aucun alibi dans la réalisation des projets de développement. «Il revient, donc, au gouvernement de veiller à la conduite de ce programme sans retard ni réévaluation, et à encourager la canalisation de la dépense publique d'équipement vers le développement maximal de l'outil national de production pour densifier la création locale de richesses et l'offre d'emplois», a-t-il insisté lors de la réunion du Conseil des ministres tenue mardi dernier. Le Président est très bien informé sur le sujet puisque ce n'est pas la première fois qu'il sermonne son équipe à cet effet. Les retards et les rallonges budgétaires sont devenus une pratique courante chez nos ministres. Désormais, les rallonges budgétaires ne seront plus admises sans justifications fondées. Les ministres auront des comptes à rendre pour justifier chaque dépense supplémentaire auprès de la Cour des comptes. Ce n'est plus le département de Karim Djoudi qui en décidera. Tout financement en dépassement de l'enveloppe arrêtée au départ sera soumis à un diagnostic des experts de la Cour des comptes. Ainsi, le premier magistrat du pays a délivré un message clair et précis à ses collaborateurs, à savoir bannir tout dépassement des dépenses budgétaires initialement. Avec le projet de loi de finances 2011, le locataire d'El Mouradia dira: «Nous aurons mobilisé la moitié de l'ensemble des autorisations nécessaires à tout le programme public d'investissements de ce quinquennat. C'est là, un important pari à la hauteur des attentes de nos compatriotes pour un développement soutenu et de qualité.» Un rappel qui sonne comme un dernier avertissement contre toute défaillance dans la gestion des fonds publics. Alors que des enveloppes budgétaires très importantes ont été débloquées au titre de différents programmes destinés au développement local, il n'en demeure pas moins que les progrès de développement attendus sont loin d'être palpables. Le chômage d'une part, et la dégradation du niveau de vie d'autre part, prennent des proportions alarmantes. Rien que l'état de nos routes donne un aperçu général de la gestion des deniers publics. Nul n'ignore que des milliards de dinars, engagés dans le programme de développement, se sont évaporés. L'affaire de l'autoroute Est-Ouest et de la compagnie Sonatrach ont défrayé la chronique nationale. La réactivation du rôle de la Cour des comptes explique bien qu'il y a danger sur la gestion des fonds de l'Etat. D'ailleurs, le Président a annoncé la couleur durant sa campagne électorale de 2009 en insistant sur une gestion rationnelle des fonds de l'Etat. Il a même interdit au gouvernement de débloquer toute enveloppe avant que l'étude d'évaluation du projet ne soit achevée. «Chaque secteur rendra compte annuellement, de l'exécution diligente de son propre programme et nous procéderons annuellement, à l'appréciation de la situation financière du pays pour, le cas échéant, tenir compte de nos moyens financiers, car nous excluons par avance tout recours à l'endettement extérieur», a martelé le président de la République lors d'un Conseil des ministres tenu en mai dernier. Conscient du défi, le chef de l'Etat a donné de larges prérogatives à la Cour des comptes pour stopper la fuite des capitaux. Ainsi, cette institution ouvrira l'oeil sur le portefeuille de chaque département ministériel. Finie l'opacité! La Cour des comptes sera consultée sur les avant-projets annuels de loi de règlement budgétaire. Les rapports d'appréciation qu'elle établit à cet effet, au titre de l'exercice considéré, seront transmis par le gouvernement au Parlement pour adoption. En d'autres termes, le gouvernement n'a plus droit à l'erreur. Eclaboussé par plusieurs scandales, l'Exécutif se doit d'être vigilant pour échapper à un éventuel désordre.