Un sondage économique sera désormais réalisé, chaque année, pour communiquer aux entreprises et au public des chiffres fiables. Le gouvernement ne compte pas jouer les temps additionnels pour combattre la corruption. Et pour ce faire, l'Algérie brandit l'arme des chiffres. «En 2011, l'Algérie organisera son premier recensement économique», a déclaré hier, le secrétaire d'Etat chargé de la statistique, Ali Boukrami, lors de son passage à l'émission Tahaoulat de la Chaîne I de la Radio nationale. Cette opération qui rentre dans le cadre du nouveau programme quinquennal, se déroule «chaque fin d'année». Pas tous les dix ans, comme c'est le cas pour le recensement démographique. Les scandales de corruption ayant ébranlé les différentes institutions de l'Etat ont même accéléré cette opération constituée de plusieurs étapes. «Un budget de 1 milliard et 70 millions de dinars lui sera consacré», précise l'invité de la Radio. La grande part, soit 90%, sera consacrée aux salaires des enquêteurs et des surveillants. Interrogé sur l'opération de sensibilisation quant à ce nouveau recensement, l'invité de la Radio nationale a expliqué qu'elle a débuté au niveau du gouvernement, des wilayas, des APC et des universités. L'idée est celle du chef de l'Etat. Il en a longtemps parlé, lors de la présentation de sa candidature au 3e mandat présidentiel. Les raisons de ce choix sont multiples. Dans ce même ordre d'idées, il convient de préciser qu'un recensement agricole est programmé pour l'année 2012. A ce sujet, le secrétaire d'Etat rassure que des budgets importants, nettement meilleurs que leurs précédents, seront consacrés. L'Etat a la ferme volonté de mettre le paquet et tous les moyens permettant d'endiguer la corruption. «La transparence et la communication» comme l'affirme M.Boukrami, sont parmi les principales conditions permettant d'atteindre ce but. Mais ces critères, faut-il le souligner, sont le parent pauvre du secteur économique. L'Algérie dispose de plusieurs organisations. Cependant, elles ont échoué dans leur mission consistant à fournir des statistiques fiables. Des départements ministériels ont utilisé de vieilles statistiques, loin de toute transparence. «Il faut changer les mentalités et passer aux objectifs numériques», a-t-il laissé entendre. «Les constats établis et l'analyse des facteurs favorisant ce fléau imposent le renforcement des moyens de lutte, à la fois sur le plan de la réglementation, de la prévention et de l'action gouvernementale.»Le Président Bouteflika a exigé du gouvernement de mobiliser davantage les ordonnateurs, les premiers concernés, les contrôleurs financiers et les comptables publics. Pour ce faire, le gouvernement devra procéder à l'installation «immédiate» de l'organe national de prévention et de lutte contre la corruption, créé en novembre 2006. Cet organe a contribué activement à la mise en oeuvre d'une politique de prévention sur le plan national, et à la politique de coopération internationale en la matière. Le Président a également instruit son Premier ministre de «dynamiser davantage le rôle de la Cour des comptes, de l'Inspection générale des finances et de la Banque d'Algérie, en matière de lutte contre la corruption».