Des observateurs internationaux et des militants sahraouis ont été agressés mercredi à El Aâyoune par les forces de sécurité marocaines. Les forces d'occupation marocaines ont tenu parole. L'enfer qu'elles ont promis aux défenseurs de la cause sahraouie dès leur retour d'Alger a été vécu dans leur chair à leur descente d'avion. «On a été photographiés sous toutes les coutures lors de notre embarquement à l'aéroport. On a tenté de nous intimider. Les forces d'occupation marocaines nous ont promis un accueil d'enfer. On s'attend au pire au retour», avait déclaré samedi dernier à L'Expression Salha Boutanguiza, une jeune militante sahraouie. Chose promise, chose due! Ses craintes se sont avérées exactes. Les participants à la «Conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui» qui s'est tenue à Alger les 25 et 26 septembre 2010, ont eu droit à un «comité d'accueil» d'un genre plutôt musclé lors de leur atterrissage sur le tarmac de l'aéroport de la capitale des territoires occupés. «Les autorités marocaines ont procédé mercredi, à l'aéroport d'El Aâyoune, à une agression contre des observateurs internationaux et des activistes sahraouis des droits humains sahraouis, de retour d'Alger où ils avaient participé à une conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui», a indiqué un communiqué du ministère des Territoires occupés et des Communautés répercuté par une dépêche de l'agence de presse officielle sahraouie Sps. Et c'est dans la foulée de cet «événement» que Miguel Angel Moratinos a annoncé, devant la Commission des affaires étrangères du Parlement espagnol, la tenue d'une nouvelle rencontre informelle, dans quarante-huit heures, entre les représentants du peuple sahraoui et les responsables marocains. «Moratinos a assuré que l'Espagne «poussera» le processus de négociation et a signalé la nécessité que les relations entre le Maroc et l'Algérie s'améliorent pour favoriser la stabilité dans la région», a rapporté le quotidien madrilène La Razon qui, semble t-il, a eu la primeur de cette information. Le gouvernement espagnol ne pourra ignorer ce nouveau passage à tabac dont ont été victimes les militants des droits de l'homme sahraouis mais aussi certains de ses ressortissants et non des moindres: Carmelo Ramirez, conseiller municipal à Las Palmas de Gran Canaria et Mme «Maity» membre du Parti de la gauche unie de la région de Cantabrie, ont été sauvagement agressés tandis que l'acteur, Willy Toledo, a vu sa main droite fracturée sous la violence des coups alors que son téléphone cellulaire lui a été tout simplement confisqué. Quelle va-t-être la réaction du côté de Madrid? Il est fort à parier que le chef de la diplomatie espagnole s'en sortira par une pirouette. L'enjeu est énorme. Les Marocains pourraient mettre dans la balance les enclaves de Ceuta et Melilla sous domination espagnole ou bien l'îlot Persil dont la souveraineté est âprement disputée entre le Maroc et l'Espagne. Que pèse le matraquage de militants des droits de l'homme devant de telles revendications territoriales qui pourraient se terminer en conflit ouvert? La décolonisation inachevée du Maroc est caractérisée par le soutien de l'Espagne au plan de large autonomie marocain et son silence complice sur la répression que subissent quotidiennement les populations sahraouies des territoires occupés. La reprise annoncée de pourparlers entre les deux principaux belligérants du conflit du Sahara occidental ne se présente pas sous les meilleurs auspices, quand bien même de part et d'autre on ait privilégié la solution politique négociée. Le bras de fer et surtout le statu quo tant redouté par Christopher Ross, le représentant personnel de Ban Ki-moon risque de se prolonger...