Samedi, dans un climat de fête et d'adieu, Lula, les larmes aux yeux, avait passé le témoin à Dilma, en parcourant à son côté, en voiture découverte, les rues de Sao Bernardo do Campo, son fief à Sao Paulo. Les Brésiliens ont commencé hier à voter au premier tour de l'élection présidentielle dont la grande favorite est Dilma Rousseff, une technocrate et ex-guerillera de 62 ans propulsée par la popularité record du président Luiz Inacio Lula da Silva. La principale incertitude du scrutin est de savoir si Dilma, comme l'appellent simplement les Brésiliens, l'emportera dès le premier tour pour devenir la première femme à diriger ce pays de 193 millions d'habitants, devenu la huitième économie du monde. Selon deux sondages publiés samedi soir, Rousseff, 62 ans, surnommée la «Dame de fer», pourrait avoir besoin d'un deuxième tour face à son principal adversaire, le social-démocrate José Serra, 68 ans, un ancien gouverneur de Sao Paulo. Surnommée la «Dame de fer» quand elle était ministre chef du gouvernement (une sorte de Premier ministre), elle a été emprisonnée pendant près de trois ans et torturée sous la dictature militaire (1965-1984). L'écologiste et défenseur des Indiens Marina Silva, 52 ans, arrive en troisième position, et atteindrait 17% des votes exprimés, selon les instituts Ibope et DataFolha. Un second tour aura lieu le 31 octobre, si aucun des candidats n'obtenait la majorité des suffrages exprimés. Dilma Rousseff l'emporterait alors facilement sur José Serra: 51% à 52% contre 37% à 40% des votes valides, selon ces deux sondages. Le Brésil comptant trois fuseaux horaires, les premiers Brésiliens à se rendre aux urnes à 08H00 locales (10H00 GMT) ont été les habitants de la petite île de Fernando de Noronha, située dans l'Atlantique, a indiqué le Tribunal électoral de Pernambuc (nord-est). La très grande majorité des bureaux de vote de cet immense pays ont ouvert une heure plus tard à 11H00 GMT, notamment à Rio de Janeiro, Sao Paulo et Brasilia, et devaient être suivis une heure plus tard par ceux situés dans les Etats les plus à l'ouest. Les derniers bureaux fermeront à 21H00 GMT. Les fortes pluies sur le sud-est, notamment à Rio, ne devaient pas dissuader les électeurs d'accomplir leur devoir, le vote étant obligatoire. Le vote se fait au moyen d'urnes électroniques utilisées depuis 1996 dans tout le pays, jusqu'aux confins de l'Amazonie. A l'ouverture du scrutin, aucun incident n'avait été rapporté. A Rio, l'une des villes les plus violentes du Brésil, près de 27.000 policiers ont été mobilisés. A la veille de l'élection, samedi, dans un climat de fête et d'adieu, Lula, les larmes aux yeux, avait passé le témoin à Dilma, en parcourant à son côté, en voiture découverte, les rues de Sao Bernardo do Campo, son fief dans la banlieue de Sao Paulo. «Il va nous manquer et nous n'aurons jamais un autre président comme lui», a dit Cleila Santos, une agent sanitaire de 54 ans. La Constitution interdit à Lula, dont la popularité atteint 85%, de se représenter pour un troisième mandat consécutif. Cette élection est la première depuis 1989 à laquelle il ne participe pas. Mais «Dilma va continuer son travail», a assuré Vera da Conceiçao, une chômeuse de 42 ans retournée à l'école primaire grâce à une bourse. Dilma a fait campagne sur le thème de la «continuité» avec Lula dont la politique a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté. Parmi les défis qui l'attendent, elle va devoir s'attaquer à la violence - une priorité avant la Coupe du monde de 2014 et les Jeux olympiques 2016 - et à la corruption, améliorer l'éducation et la santé, investir dans les infrastructures et réaliser des réformes longtemps différées (retraites, système fiscal). Les Brésiliens devaient élire, outre le président, les gouverneurs et les députés des vingt-sept Etats fédérés, et renouveler l'Assemblée nationale et les deux-tiers du Sénat. Le président élu prendra ses fonctions le 1er janvier 2011.