Le mérou, poisson emblématique des fonds rocheux de la Méditerranée, est menacé d'extinction. Le prédateur n'est autre que l'homme lui-même. Depuis une année, des groupes, attirés par le gain facile, ont élu leur quartier général, pour leur crime organisé, aux alentours de Cap Falcon. Personne ne peut affirmer d'où ils viennent ni d'où ils détiennent les autorisations, « encore moins comment ils ont osé agir illégalement », nous révèlent des amis de la nature et membres de l'association ONZA pour la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel. Pourtant, ce serranidé comptant au moins six espèces vivant dans les eaux territoriales algériennes, est un animal protégé. La preuve : il est interdit de vente dans les marchés publics par les conventions internationales. Mais « il est vendu à 500 dinars le kilogramme chez nous », nous affirment nos interlocuteurs qui s'interrogent sur « l'identité des prédateurs et la provenance du matériel dont ils disposent, tels les harpons et les bouteilles d'oxygène. » Depuis plusieurs mois, les éléments « verts » traquent en vain ces prédateurs, des plongeurs en quête du mérou brun du côté de Cap Falcon, leur terrain d'activité qui s'étend sur toute la baie des Andalouses, des îles Habibas aux Fourmis, Cap Negro compris. Ils affirment que ces pêcheurs agissent par petits groupes de deux à trois personnes pour traquer leurs proies, n'épargnant ni les mérous adultes ni les jeunes. Selon les textes législatifs, encore pauvres faut-il le signaler, la pêche de « l'Epinephelus Marginatus » est interdite pour les espèces de moins de 12 ans. Le butin final qui peut atteindre jusqu'à un quintal, comprend des pièces d'un poids variant entre 700 grammes et trois kilogrammes. le mérou de plus en plus convoité Cependant, les derniers témoignages font état de l'existence de mérous pêchés pesant quelques dizaines de grammes seulement, ce qui constitue une curiosité scientifique et une inquiétude certaine. Est-ce le début de la fin d'une espèce sédentaire des plus emblématiques de la faune marine méditerranéenne ? Le mérou est la fierté des Méditerranéens et des Chinois. Tous les pays du bassin méditerranéen sont dotés d'instruments juridiques pour protéger cette espèce, sauf les pays du Maghreb où on continue à observer les dégâts sans bouger le petit doigt. A titre d'exemple, la France vient de proroger les délais, fixés initialement à 20 ans à partir de 1980, pour une autre décennie. Le Napoléon, l'autre nom que les Français donnent au mérou, est interdit à la vente en Chine où des prédateurs s'attaquent régulièrement à cette espèce prisée pour sa peau et sa viande. Les militants de l'association ONZA, qui ont le mérite d'avoir attiré l'attention des autorités sur ce type de massacre, espèrent que ces derniers séviront. Un avis que tout le monde partage.