Selon les analystes de Goldman Sachs Group, le prix moyen du baril de brut devrait osciller autour des 100 dollars en 2011 avec, en toile de fond, une guerre des monnaies. L'économie algérienne est sur un nuage. Après avoir franchi le seuil des 84 dollars mercredi, son plus haut niveau depuis cinq mois, le baril de pétrole a marqué une pause jeudi à New York en cédant 82 cents, à 82,41 dollars. Ce n'était cependant que partie remise. Après avoir soufflé, les cours de l'or noir ont repris leur ascension momentanément interrompue. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en novembre a clôturé la semaine à 82,66 dollars, soit une progression de 99 cents par rapport à la veille. A ce rythme, l'objectif des 50 milliards de dollars que s'est fixé le gouvernement algérien sera en principe largement atteint, grâce aux exportations en hydrocarbures. Une bouffée d'oxygène pour la facture des importations qui peine à descendre en dessous des quarante milliards de dollars. Cette conjoncture favorable s'inscrit dans une guerre des monnaies que se livrent la monnaie unique européenne et la devise américaine. L'euro s'est échangé à plus de 1,40 dollar jeudi dernier pour la première fois depuis huit mois avant de se replier légèrement le lendemain. Le président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro s'est inquiété de cette montée en puissance de la monnaie unique européenne. Il y décèle même les prémices d'une guerre des devises: «Les (pays des) principales monnaies doivent faire en sorte qu'il n'y ait pas de place pour une guerre des monnaies. Il n'y aurait que des perdants. Je ne vois pas qui gagnerait une guerre des monnaies», a déclaré Jean-Claude Juncker dans une interview à l'agence Reuters. L'effritement de la devise américaine face à la monnaie européenne a mécaniquement fait le bonheur du marché pétrolier ainsi que celui des économies des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Un prix trop élevé des prix du brut pourrait mettre en péril une reprise économique mondiale qui se répercuterait négativement sur la demande de pétrole dont les principaux pays consommateurs demeurent les pays occidentaux industrialisés. Cet équilibre fragile qu'essayent de maintenir les pays membres de l'Opep qui se disent satisfaits d'un prix du baril de pétrole qui serait compris dans une fourchette entre 70 et 80 dollars bien qu'ils l'estiment insuffisant, pourrait être rompu. Les analystes de Goldman Sachs Group soutiennent que le prix moyen de l'or noir se situera autour des 100 dollars l'an prochain. Ils avaient annoncé que le baril de pétrole allait atteindre 85 dollars à la fin de 2009. Ils ne se sont pas trompés. Le scénario annoncé est-il réaliste? Les prix du pétrole pourraient grimper en 2011 à un niveau qui se situerait au deuxième rang parmi les plus élevés de tous les temps en raison de la demande de la Chine, de l'Inde et du Brésil, trois pays émergents dont les économies sont en pleine croissance, d'après les arguments des analystes de Goldman Sachs, qui semblent tenir la route. Plus inquiétantes encore les prévisions de la Banque d'investissement qui voit une détérioration sans relâche pendant les douze mois prochains de la devise américaine. La cause: «Une détérioration plus rapide que prévue des perspectives économiques des Etats-Unis et de probables nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale», selon une note de recherche des analystes du groupe. «Goldman Sachs prévoit désormais un euro à 1,40 dollar d'ici trois mois, à 1,50 d'ici six mois et à 1,55 dollar d'ici 12 mois», a rapporté, le 6 octobre, dans une de ses dépêches l'agence Reuters. La guerre des monnaies, que veulent absolument éviter les Européens dont un euro trop fort handicape leurs exportations, pourrait bien avoir lieu. L'éventualité de voir la Réserve fédérale prendre de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire contribue en effet à faire chuter le dollar. La tendance semble irréversible. «La FED veut de l'inflation et la FED obtient ce qu'elle veut», a souligné Phil Flynn, de PFG Best Research. Sur ce terrain, les Américains sont intraitables et maîtres du jeu.