«Il y a une unanimité sur le manque des enquêtes dans les études de sol et ce, en raison du budget alloué au projet», a précisé le ministre de l'Habitat. Les études de sol font défaut. En raison du coût élevé, beaucoup d'opérateurs négligent cette procédure fondamentale dans la réalisation du projet. C'est le constat relevé par les experts et les professionnels de la construction. «Il y a une unanimité sur le manque des enquêtes sur les études de sol et ce, en raison du budget alloué au projet», a précisé le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme Noureddine Moussa. Le ministre, qui s'exprimait, hier, à la Conférence nationale portant sur les règles parasismiques de construction tenue au Palais des Nations, Club des pins, estime qu'on a pas tiré suffisamment de leçons des derniers séismes. «C'est pourquoi, explique-t-il, il y a urgence de revoir le règlement parasismique algérien». Revenant sur les nouvelles résolutions recommandées dans la révision de ce règlement, Noureddine Moussa a mis l'accent sur la nécessité d'accorder plus d'importance aux études de sol. «La maîtrise des techniques de construction et des règles parasismiques garantit la stabilité et la pérennité des infrastructures», a-t-il affirmé. Si nul ne peut prévoir un séisme, il n'en demeure pas moins qu'il faut prendre des précautions pour réduire les dégâts humains et matériels. Le département de l'habitat a chargé le Centre national de recherche appliquée en génie parasismique d'élaborer une nouvelle formule des règles parasismiques. Noureddine Moussa a rappelé qu'il a fait même appel à tous les professionnels pour contribuer au renforcement du système parasismique, affirmant que plus de 215 propositions ont été émises dans ce cadre. Celles-ci englobent 68 résolutions dont 10 concernent uniquement le sol. De son côté, le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag) vient d'établir une nouvelle cartographie des failles sismiques maritimes qui couvrent toute la côte algérienne. «Nous avons décidé d'établir cette carte après le séisme qui a frappé Boumerdès en 2003 et dont l'épicentre était au large de Zemmouri. La zone maritime était jusque-là inexplorée alors que de temps à autre, des séismes se manifestaient. Il fallait avoir une cartographie fine de cette zone», a déclaré Abdelkrim Yellès, directeur général du Craag, invité de la Chaîne III de la Radio nationale. «Une partie de la sismicité est absorbée par la partie marine. Il faut en tenir compte. Idem pour la partie continentale. Il y a une répartition spatiale entre ces deux domaines», a-t-il ajouté. Selon lui, il reste encore des zones à explorer dans les Haut-Plateaux. «Il faut que des équipes de sismologues et de géologues se déplacent dans ces zones et travaillent pendant des mois pour chercher des traces de structures actives qui sont à l'origine de séismes qui ont eu lieu dans l'Atlas saharien», a-t-il indiqué. Aussi, le Craag sollicitera des partenaires étrangers pour ces recherches géologiques. «Nous travaillons avec le Japon, la Chine, les Etats-Unis et les pays euro-méditerranéens. Des pays qui sont au top de la réduction du risque sismique», a ajouté le directeur de ce centre de recherche, qui insiste sur la nécessité d'appliquer «strictement» les règles parasismiques et l'importance accordée aux études de sol, élément fondamental avant toute construction. La rencontre d'hier avait pour objectif de rendre le règlement parasismique plus efficace et solide. Afin de combler toutes les lacunes, quelque 1200 participants dont des ingénieurs, des scientifiques et des professionnels du secteur de la construction se sont réunis pour affiner la mouture du règlement parasismique. Quatre ateliers ont été ouverts hier sur différents thèmes pour parvenir à l'élaboration de la feuille de route concernant les nouvelles normes de construction. Interrogé sur le nombre des infractions relevées dans ce sens, le ministre n'a pas avancé de chiffre. Il a rappelé que des équipes du Contrôle technique sont chargées de vérifier le respect des règles parasismiques. A propos de la réhabilitation du vieux bâti, le ministre a reconnu la complexité de la tâche. «Il n'y a pas d'entreprise spécialisée dans la réhabilitation du vieux bâtî», a-t-il affirmé pour justifier la lenteur de l'opération.