Le secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient a qualifié la proposition d'autonomie marocaine de «crédible et de sérieuse», la veille de la visite de l'envoyé spécial de l'ONU dans les camps de réfugiés sahraouis. Une épine dans le pied du représentant personnel de Ban Ki-moon. «Le Maroc a fait un pas avec une proposition sérieuse et crédible», a indiqué Jeffrey D.Feltman lors d'une conférence de presse tenue lundi à Rabat, a rapporté l'agence de presse officielle marocaine MAP dans une de ses dépêches datée du 18 octobre 2010. Le secrétaire d'Etat américain n'a pas pipé mot quant au droit du peuple sahraoui de disposer de lui-même. Christopher Ross après avoir été reçu par Abdelaziz Bouteflika avait déclaré à la presse: «Il n'y a pas de doute que le statu quo (dans la question du Sahara occidental) est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu'il entraîne.» Une déclaration qui remonte en fait à plusieurs mois. En effet, dans une lettre, divulguée par le quotidien espagnol El Pais, adressée au mois de juin aux principaux pays (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France) qui suivent de près la question du Sahara occidental, Christopher Ross leur a fait remarquer que «le statu quo est inacceptable à long terme» (voir L'Expression du 22 août 2010). Un SOS qui en dit long sur l'état de décrépitude des négociations, entre le Maroc et le Front Polisario, qui n'en portent d'ailleurs que le nom. L'option de l'accession du peuple sahraoui à son indépendance sera-t-elle sacrifiée? Que s'est-il passé depuis que la missive de Christopher Ross a été rendue publique par le célèbre quotidien ibérique? La France a continué à soutenir son éternel allié marocain. «Cette proposition d'autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l'impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine...», a souligné au début du mois de juillet, le Premier ministre français, François Fillon, au cours d'un point de presse clôturant les travaux de la 10e Réunion de haut niveau franco-marocaine, à Paris. Par ailleurs, les langues de Bernard Kouchner et de Miguel Angel Moratinos ont fourché...Si «ce contentieux venait à être résolu, la question du Sahel serait réglée elle aussi» ont déclaré, à l'unisson, les chefs de la diplomatie française et espagnole au début du mois de septembre à Madrid à propos de la question du Sahara occidental... Pendant ce temps, les militants sahraouis des droits de l'homme subissaient une répression féroce à Laâyoune, Dakhla, et Boujdour tandis que les prisonniers politiques sahraouis continuent à subir l'arbitraire et croupissent dans les geôles du Royaume. Que devient la résolution 1920 adoptée par le Conseil de sécurité le 30 avril 2010 dans tout cela? Elle appelle le Maroc et le Front Polisario à entamer des négociations «sans conditions préalables» et de «bonne foi», en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. De la pure théorie si l'on en juge la réalité du terrain. La position marocaine demeure inflexible. «Le Maroc continuera à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale sans renoncer au moindre pouce de son Sahara», a indiqué Mohammed VI lors de son discours prononcé à l'occasion de la célébration du 11e anniversaire de son accession au trône. Christopher Ross est averti. Le Maroc ira aux négociations avec comme seule condition: la prise en considération de son plan d'autonomie. La déclaration du secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient qui a qualifié la proposition d'autonomie marocaine de «crédible et de sérieuse», la veille de la visite de l'envoyé spécial de l'ONU dans les camps de réfugiés sahraouis, a probablement pipé les dés. Le sort des futures négociations est-il déjà scellé? Tout porte à le croire. Christopher Ross qui s'est «attendri» sur le sort des réfugiés sahraouis pourra-t-il améliorer leur sort? «Prolonger les souffrances humaines dans les camps, est cruel», avait-il écrit dans sa lettre adressée fin juin 2010, aux cinq pays dits «amis du Sahara». L'envoyé spécial de l'Organisation des nations unies pour le Sahara occidental avance en terrain miné, les mains liées, semble-t-il. Les souffrances du peuple sahraoui ne pourront cesser qu'avec la tenue d'un référendum qui puisse lui garantir le droit de se prononcer pour son indépendance. Christopher Ross est tenu de rappeler ce droit inaliénable à l'héritier du trône marocain, n'en déplaise à Jeffrey D. Feltman...