Depuis sa fermeture durant le Printemps noir de Kabylie de 2001, ce lieu n'a pas connu d'activités dignes de son nom. Quelque 38 milliards de centimes pour le relookage de la petite bâtisse du théâtre communal de la ville de Tizi Ouzou. Le chiffre prête à équivoque. C'est d'ailleurs la raison qui a poussé les pouvoirs publics à diligenter une commission pour voir de plus près l'opportunité d'une aussi importante enveloppe pour un si petit travail de rénovation. Selon les responsables du secteur de la culture qui intervenaient mercredi dernier devant les élus de la wilaya de Tizi Ouzou, un groupe de travail a été mis justement sur pied pour suivre le cheminement de cet argent. Le groupe se penchera sur l'évaluation réelle des travaux de réfection qui sont en phase finale. En effet, depuis sa fermeture intervenue suite à son saccage durant les événements du Printemps noir de Kabylie de 2001, ce lieu n'a pas connu d'activités dignes de ce nom. Celles-ci se limitaient essentiellement à quelques pièces de théâtre amateur et des expositions commerciales diverses. Ces dernières années, des initiatives isolées ont réussi à créer une petite ambiance théâtrale rudimentaire. Parallèlement à la timide relance des activités, le bâtiment situé au centre-ville subit des travaux de rénovation et de relooking estimés à quelque 38 milliards de centimes. Près de trois ans ont passé et les travaux semblent toujours traîner. Alors que des castings sont annoncés sporadiquement pour des films et des pièces de théâtre, les citoyens observent encore, étonnés, que le bâtiment n'est toujours pas remis en l'état. Il en est de même pour les pièces annoncées en grande pompe, elles ne sont pas encore à l'affiche. Dans un autre registre, les pouvoirs publics ont initié, en 2005, une politique de prise en charge de ces édifices culturels par des lois. Un décret exécutif datant du 13 juin 2005 stipule la création d'un théâtre régional à Tizi Ouzou, suivi d'un arrêté ministériel le 22 novembre de la même année qui confie la gestion de ces espaces au ministère de la Culture. Cette métamorphose juridique n'a, par ailleurs, pas fini de soulever des interrogations sur la disparition du nom de Kateb-Yacine dans les textes juridiques y afférant. certains n'hésitent pas, par conséquent, à dénoncer par là une débâptisation en sourdine. En fait, l'histoire du théâtre communal de la ville de Tizi Ouzou est pleine de rebondissements. Au lancement des travaux, en 1972, l'architecte belge Kolley en charge de ce projet, n'a pas pu mener à terme ses travaux. Ce lourd héritage incombera de ce fait à la mairie de Tizi Ouzou qui le prit en charge, tant bien que mal. Le théâtre communal sera réduit à une salle de cinéma ou servira de lieu pour des braderies commerciales. Triste vie d'un édifice culturel qui n'a pas encore vu le jour après une quarantaine d'années. Aujourd'hui, une fois de plus, le théâtre communal de Tizi Ouzou soulève des interrogations. Il ne s'agit évidemment pas de celles émises par les populations qui portent encore la responsabilité civique de son saccage pendant les événements de 2001, mais bel et bien des questionnements des élus locaux. Lors de la dernières session APW consacrée aux secteurs de la culture et de la jeunesse et des sports, le directeur de la culture a été interpellé sur la fameuse et faramineuse enveloppe de 38 milliards de centimes réservée à de bénins travaux de rénovation. Une somme qui, selon l'Assemblée, aurait pu financer la réouverture des 16 salles de cinéma fermées depuis des années dans la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, d'autres élus n'ont pas manqué de soulever le paradoxe des financements des activités culturelles. Des festivals coûtant la bagatelle de dizaines de milliards sont organisés presque chaque mois, alors que sur les 16 salles de cinéma existantes, une seule demeure encore fonctionnelle. L'activité culturelle à travers les villages et communes se trouve dans une léthargie totale depuis une décennie. Aujourd'hui donc, si les élus cherchent à comprendre la logique qui amène des responsables à allouer 38 milliards pour la rénovation d'une petite bâtisse, la population clochardisée dans la rue attend que les responsables rendent des comptes. Ces mêmes citoyens s'interrogent sur la logique qui pousse les responsables à fixer dans la wilaya de Tizi Ouzou un Festival du cinéma amazigh coûtant des dizaines de milliards alors que les salles de cinéma ont été fermées. Une diabolique méthode de tuer la culture à coups de festivals pour paraphraser un responsable d'une association!