tout le périmètre était quadrillé par les CNS arrivés en trombe. Belaïd Abrika, le leader charismatique des ârchs et trois autres délégués, ont été arrêtés hier matin à l'intérieur du tribunal de Tizi Ouzou. Belaïd Abrika et les trois au- tres délégués, Yazid Kaci de Tizi Ouzou, Mouloud Chebheb de Beni Douala et Mohamed Nekkah de Ouaguenoun se trouvaient sur les lieux pour prendre part au sit-in de soutien aux quatorze détenus arrêtés lors de la marche de la Cadc le 5 octobre dernier et dont le procès était prévu pour hier. Se détachant de la foule, Abrika et les 3 autres délégués entrent au tribunal pour assister au procès aux côtés du collectif d'avocats de Tizi Ouzou. Dehors, les parents des détenus, appuyés par quelques délégués, continuaient à battre le pavé, scandant les habituels slogans des ârchs. Au départ, les services de sécurité se faisaient discrets. Mais tout d'un coup, à 10h, tout le périmètre est quadrillé par les CNS, arrivés en trombe. Le sit-in est dispersé à coups de grenades lacrymogènes. Au même moment, une dizaine d'éléments de la Police judiciaire (PJ) en civil font irruption dans le tribunal. Assis dans la salle d'audience, Belaïd Abrika est vite repéré et c'est là que la PJ procède à son arrestation, violant ainsi la franchise du tribunal. L'assistance et le juge d'instruction étaient hébétés par la scène. Le délégué du quartier des Genêts et ses compagnons qui opposent une farouche résistance aux policiers seront brutalisés et emmenés de force. Les avocats, qui se sont interposés à cette arrestation, seront à leur tour malmenés, notamment, Mes Lila Hadj Arab, Salah Hanoune et Saheb qui s'en sortent avec des blessures. La nouvelle de l'interpellation de Belaïd Abrika et de ses compagnons et de leur mise en garde à vue dans les locaux au commissariat central de Tizi Ouzou s'est répandue telle une traînée de poudre dans la région. Le quartier des Genêts est sur une poudrière. Il se prépare déjà à replonger dans le cycle infernal de l'émeute, si l'enfant terrible du mouvement citoyen et ses pairs ne sont pas relâchés. Pour les gens de ce quartier, cette arrestation peut constituer un détonateur pour une explosion qui embrasera de nouveau toute la Kabylie. Du côté de la Cadc, le syndrome du mois de mars dernier refait surface, car tous les délégués gardent en tête la vague d'arrestations qui s'est abattue sur le mouvement citoyen lors de cette période. En début d'après-midi, la présidence tournante a dégagé «un comité de sages» qui s'est rendu au commissariat central en vue d'arracher la libération des quatre délégués, en vain. Pour l'heure, Abrika, Yazid Kaci et Mohamed Nekkah (tous les deux en liberté provisoire), ainsi que Mouloud Chebheb attendent toujours leur audition par le juge d'instruction ou leur présentation devant le procureur de la République. Un bruit circulait en ville qu'ils seront relâchés dans la soirée. Mais du côté des services de sécurité, rien n'a filtré. Pour rappel, Belaïd Abrika, 33 ans, chef de département à la faculté des sciences économiques de l'université de Hasnaoua, est entré en clandestinité depuis près de quatre mois. Il n'a repris sa vie publique qu'après l' «absolution» du 5 août dernier, dans le sillage de la rencontre FFS-présidence de la République. En attendant l'évolution des choses, le quartier des Genêts, qui couvait une tension perceptible la matinée, a laissé exploser sa colère dans l'après-midi. Emeutiers et CNS ont de nouveau squatté la rue hier à partir de 14h. Toutefois, les affrontements étaient circonscrits à ce seul quartier. Par ailleurs, pour revenir au procès des 14 jeunes arrêtés dans la semaine qui a précédé les élections, on a appris qu'ils ont été tous remis en liberté provisoire.