Fragilisée par la chute des prix du pétrole, et sa quasi-dépendance par rapport à ses exportations en hydrocarbures, qui lui assurent 98% de ses recettes en devises, l'économie nationale demeure à l'écoute de la parité entre le dollar et l'euro. Ses importations comme ses exportations en dépendent. Un dollar trop faible qui boosterait les cours de l'or noir, aussi paradoxal que cela puisse paraître, peut constituer un manque à gagner pour l'économie algérienne. La facture de ses importations essentiellement libellée en euros a été estimée en 2008 à quelque 40 milliards de dollars. Une année faste qui a rapporté plus de 77 milliards de dollars, selon les chiffres livrés par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à l'occasion de sa Déclaration de politique générale prononcée, jeudi dernier devant les élus du palais Zighoud-Youcef. Depuis, les recettes générées grâce aux exportations d'hydrocarbures ont décliné de 43%, passant de 77,1 milliards de dollars en 2008 à 44,4 milliards de dollars en 2009. 2010 devrait connaître un léger mieux à la seule condition que les cours de l'or noir se maintiennent à leur niveau actuel. Le marché pétrolier, qui semble connaître une certaine stabilité depuis quelques mois-les cours du brut évoluent dans une fourchette comprise entre 75 et 80 dollars - a connu quelques violentes secousses, qui ont fait valser le baril. La semaine de cotation du brut qui vient de s'achever fut extrêmement volatile. Les cours du baril peinaient à se ressaisir. Les prix ont subi de violents mouvements d'ascenseur, accusant une perte de plus de trois dollars mardi, regagnant plus de deux dollars mercredi, pour à nouveau essuyer une nouvelle dégringolade jeudi. «La forte volatilité déjà constatée plus tôt dans la semaine s'est poursuivie hier, et une fois encore, la monnaie américaine était à créditer - ou à blâmer - pour la chute des cours», a expliqué David Hart, de Westhouse Securities. Un constat que confirmait Myrto Sokou, de la maison de courtage londonienne Sucden Financial. «En l'absence d'indicateur économique majeur, les volumes d'échanges restent plutôt mesurés, sur un marché peu animé avant le sentiment du G20, alors que l'attention des opérateurs reste concentrée sur les mouvements du dollar», a-t-il ajouté. La devise américaine semble s'être imposée comme indicateur incontournable du marché pétrolier depuis que la Réserve fédérale américaine a envisagé de probables nouvelles mesures d'assouplissement monétaires. Résultat des courses: le baril avait fait un bond de près de 10 dollars passant de 75 à 84 dollars la semaine dernière. L'euro s'était échangé à plus de 1,40 dollar le 7 octobre 2010, pour la première fois depuis huit mois, avant de se replier légèrement le lendemain. La tentative de rebond du billet vert jeudi dernier, et l'annonce de chiffres mitigés sur l'emploi américain ont pesé sur le marché et ont accéléré la baisse des prix du brut. Sous l'effet de cette double attaque, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre, cédait 1,68 dollar pour clôturer à 80,88 dollars. «Nous sommes vraiment sur des montagnes russes cette semaine. Les prix bougent violemment dans un sens ou dans l'autre, au gré des mouvements sur le marché des changes», relevait Philip Wiper. Pour l'analyste de PVM Oil Associates, le principal facteur agissant sur les cours de l'or noir reste le dollar. Le billet vert s'est calmé vendredi. 1 euro valait 1,39 dollar. Le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre a terminé à 81,69 dollars, un gain de 1,13 dollar par rapport à la veille. Les devises attendent le communiqué final des ministres des Finances des pays membres du G20 qui se réunissent en Corée du Sud. Ils se penchent depuis vendredi sur l'explosif dossier du taux de change. Le texte qui devait tomber en principe hier doit faire baisser la fièvre. Les rumeurs sur une «guerre imminente des monnaies» ne faiblissent pourtant pas.