Réduire cette mortalité ne relève ni de la magie ni de l'utopie, il suffit de ne pas fumer. Parmis les cancers, le cancer bronchique a le triste privilège d'être à la fois en constante augmentation et en première position en termes de mortalité. Cette évocation et mise en garde a été faite, hier, par le Dr Ameur Soltane, chirurgien thoracique en marge des premières journées de formation postuniversitaire organisées à l'amphithéâtre de dermatologie au CHU Mustapha-Bacha. Si les femmes sont relativement épargnées par cette tumeur, 95% des cancers bronchiques sont constatés chez les hommes. Comme la plupart des maladies, ce type de cancer est étroitement lié au tabagisme. Les hommes abusent dans ce sens. Les conséquences ne sont pas tolérables. En effet, le pronostic du cancer bronchique reste redoutable malgré les évolutions thérapeutiques. Ceci renforce la nécessité d'une prévention du tabagisme et d'une bonne connaissance par les médecins de cette pathologie pour aider au mieux les patients et leurs familles. Faut-il rappeler, d'autre part, que le tabagisme est aux portes de nos écoles et «on fume de plus en plus jeune», avait déjà prévenu le spécialiste. Il n'y a pas de traitement miracle contre le tabagisme. Le programme antitabac établi par l'Etat est adapté, mais la société civile n'est pas au rendez-vous. La volonté et les thérapeutiques comportementales peuvent freiner cette tendance. Comment un fumeur peut-il se rendre compte qu'il est atteint du cancer bronchique? «Il n'y a pas de signe. Une fois le fumeur arrive à l'âge de 40 à 50 ans, il doit systématiquement penser au cancer. D'où l'urgence de consulter un spécialiste». Combien de personnes décèdent des suites de cette maladie bronchique? Les statistiques font défaut. «Depuis 2002, aucune enquête sérieuse n'a été faite sur le terrain», déplore le Dr Soltane qui, dans sa communication, a fait le point sur la chirurgie en Algérie après la chimiothérapie. Interrogé si les patients ne redoutent pas cette pratique, notre interlocuteur va droit au but. «Les personnes atteintes du cancer bronchique n'ont pas le choix. Quand la chirurgie s'avère impuissante, la chimiothérapie devient inéluctable», explique le chirurgien. Parfois cette pratique intervient pour renforcer le résultat d'une intervention chirurgicale. Il convient de rappeler que 2500 à 3500 nouveaux cas de cancer des poumons sont enregistrés chaque année. Dans le même contexte, le professeur M.Riquet, spécialiste en pneumologie interventionnelle et de thoracoscopie, a déclaré à L'Expression qu'un fumeur risque de contracter le cancer bron-chique même après avoir arrêté la cigarette. L'unique solution de réduire la mortalité liée au tabac, ne relève ni de la magie ni de l'utopie. Il suffit de ne pas fumer. En France, dit-il, «90% des patients opérés ont fumé un paquet pendant 20 ans ou un paquet pendant 10 ans». Mondialement connu, ce professeur se dit favorable pour une collaboration avec les CHU algériens. L'Algérie peut ainsi bénéficier de l'expérience française qui n'est pas des moindres. La présence du Pr Riquet durant les premières journées de formation postuniversitaire est saluée par l'ensemble des médecins présents.