Un sommet est-africain des pays mem-bres de l'Initiative gouvernementale de développement (Igad) se tiendra samedi à Addis-Abeba et non plus à Nairobi, apparemment en raison d'un imbroglio autour de la participation du président soudanais Omar El Bechir, a-t-on appris hier de sources diplomatiques. Le Kenya, où devait se dérouler initialement cette réunion, a été mis en demeure mardi par la Cour pénale internationale d'arrêter M.El Bechir en cas de venue de ce dernier, soupçonné de génocide au Darfour par la juridiction internationale. Le Kenya a signé et ratifié le Statut de Rome, texte fondateur de la CPI, et se trouve de ce fait sous l'obligation d'arrêter Omar El Bechir selon cette Cour, ce qui n'est pas le cas de l'Ethiopie, non signataire du traité. La CPI avait indiqué mardi avoir demandé au Kenya «de prendre toute mesure nécessaire pour s'assurer que le président du Soudan, Omar El Bechir, soit arrêté et remis à la Cour s'il visite le Kenya le 30 octobre». Mais c'est finalement à Addis-Abeba que se déroulera la réunion. «Le 29 octobre les ministres des affaires étrangères se rencontreront et le sommet aura lieu le 30», a indiqué une source diplomatique soudanaise à Addis-Abeba. Cette réunion sera consacrée à un examen de la situation au Soudan à l'approche d'un référendum d'autodétermination du sud du pays prévu en janvier prochain aux termes d'un Accord de paix global signé en 2005. Une source diplomatique éthiopienne a confirmé qu'Addis-Abeba était désormais retenu pour accueillir la réunion de l'Igad, ajoutant que «l'Ethiopie fournissait juste l'infrastructure» pour ces débats, et ne donnant pas d'explication pour ce changement de lieu. Il est difficile de savoir si M.Bechir fera le déplacement d'Addis Abeba, les invitations ayant été envoyées par le Kenya, ajoute-t-on de même source. Le Kenya et l'Igad se sont pour l'instant refusé à tout commentaire officiel sur le lieu du sommet de samedi. Une source diplomatique à Nairobi a confirmé de son côté que le transfert de la réunion de Nairobi à Addis était bien une conséquence de l'imbroglio autour de la participation de M.El Bechir. Omar El Bechir s'était rendu fin août au Kenya pour la cérémonie de promulgation de la nouvelle constitution du pays, mais les autorités kenyanes ne l'avaient pas arrêté, provoquant de nombreuses critiques de la part de la communauté internationale. La CPI avait informé, le 27 août, le Conseil de sécurité des Nations unies de la visite de M.El Bechir au Kenya ainsi que de sa visite en juillet au Tchad, afin qu'il puisse prendre «toute mesure» qu'il jugerait «appropriée». Comme bon nombre de la trentaine de pays africains qui ont ratifié la création de la CPI, le Kenya est écartelé entre ses obligations aux termes du Statut de Rome et son appartenance à l'Union africaine. L'UA juge contre-productifs pour la paix au Darfour les deux mandats d'arrêt lancés par la CPI contre M.El Bechir, et elle a demandé à ses membres de ne pas arrêter le président soudanais. L'Igad est composée normalement de sept pays: Ouganda, Ethiopie, Djibouti, Kenya, Soudan, Somalie mais le septième, l'Erythrée, est actuellement suspendu.