Le syndicat des transporteurs appelle à une révision de la politique des transports urbains. Près de 10.000 taxis sillonnent les artères des différentes localités de la wilaya et de la ville d'Oran. Au total, quatre entreprises privées sont déjà sur le terrain alors que quatre autres ont eu l'accord préliminaire tandis que deux nouvelles sociétés sont en attente d'être agréées. Le parc roulant de la première entreprise est constitué de plus de 60 véhicules tandis que le deuxième comprend une trentaine de véhicules. La troisième entreprise est en attente de la décision de la direction des transports pour l'injection de 100 véhicules alors que la quatrième société est en passe de mobiliser plus de 65 véhicules. Ainsi, un véritable marché de services est ouvert. Cependant, la qualité du service laisse à désirer. Selon le syndicat des transporteurs, cette évolution interpelle la tutelle à revoir de bout en bout la politique des transports semée de diverses embûches qui entravent la profession de chauffeur de taxi. Du coup, c'est la prolifération des fraudeurs qui prend le relais face aux lourdes charges fiscales et à l'absence d'un interlocuteur devant prendre en compte les problèmes posés. Le secteur est carrément ouvert à l'investissement. Selon certains échos parvenant de la tutelle, les demandes de placement de plusieurs autres taxis sont aisément accordées quelques jours après leur dépôt. «Il suffit de se conformer à la réglementation et remplir toutes les formalités exigées par le cahier des charges» affirme-t-on. «L'exercice de la profession ne sera sûrement pas une mission aisée», a souligné le représentant local de l'Ugcaa, Abed Mouad. Eu égard à ces décisions non planifiées, quels seront donc l'image et l'avenir que l'on veut prêter, voire fixer à un secteur noyé dans une multitude de déboires? Où va-t-on avec cette multiplication d'entreprises privées de taxi alors que celles existantes sont asphyxiées par des problèmes dont les solutions tardent à venir? Les «moustiques» pullulent... Selon M.Mouad Abed, «la décision de l'ouverture du secteur à l'investissement par l'intermédiaire des sociétés de taxi, est prise unilatéralement et nous n'avons pas été concertés, ne serait-ce que pour régler le problème des licences d'exploitation de taxi». Pour leur part, plusieurs dizaines de chauffeurs s'estiment «occultés par les pouvoirs publics même pour dresser un petit tableau indicatif qui caractérise le domaine», ajoutant que «la finalité qui se veut être la concurrence autour de la qualité, est loin d'être une bataille gagnée». «Les chauffeurs et les policiers sont sur le qui-vive», a affirmé un commissaire, ajoutant que «la lutte contre les taxis clandestins constitue l'une des missions principales des agents de la voie publique, plusieurs des fraudeurs ont été amendés tandis que d'autres ont été traduits devant les tribunaux pour exercice illégal d'une profession réglementée». Pour leur part, plusieurs chauffeurs, appellent à plus de sérénité tout en interpellant les responsables locaux du secteur à mettre de l'ordre dans la profession et ce, en rendant public le nombre définitif de taxis agréés. Ce cri de détresse constitue le dernier recours des chauffeurs de taxi, étant donné que la situation semble échapper à tout contrôle, hormis les surprises annoncées, de temps à autre par les agents de la voie publique. «Un faux chauffeur de taxi, portant l'enseigne lumineuse et possédant même un numéro d'enregistrement, a exercé la profession de chauffeur de taxi pendant de longues années, jusqu'à ce qu'il soit pris par des policiers en faction», a indiqué un commissaire de police, ajoutant que «la direction des transports a été aussitôt alertée, malheureusement, cette dernière n'a pas jugé utile de procéder à de plus amples vérifications». Ce n'est là qu'un petit exemple des dépassements relevés quotidiennement dans un métier qui a été autrefois régi par des garde-fous et une éthique professionnelle exemplaire. Les habitants d'El Bahia se réjouissent de vor que des dizaines, voire des centaines de taxis, parcourent les artères de leur ville, mais leur déception est totale lorsque bon nombre de secteurs et de quartiers d'Oran ne font pas partie de leur itinéraire. Impossible de trouver un taxi la nuit A ce moment précis, les «moustiques» prennent le relais en proposant leurs services. Les moustiques sont ces petits fourgons clandestins de 10 à 15 places, aux vitres fumées, qui assurent en toute quiétude la liaison de plusieurs quartiers désertés la nuit par les taxis autorisés. Où sont donc passés les contrôleurs de la direction des transports? se demandent plusieurs usagers. La responsabilité est commune tandis que les explications basées sur des critiques et tirs croisés, sont à la fois, multiples et variées. Certains chauffeurs avancent la question sécuritaire et l'état de la chaussée de certains quartiers comme Haï Sabah, Haï El Yasmine et Haï En Nour. Trois foyers de criminalité qui constituent des risques majeurs, notamment la nuit. Par ailleurs, plusieurs cadres de la direction des transports expliquent que ce sont les chauffeurs qui tournent le dos à plusieurs quartiers contribuant ainsi favorablement à la prolifération des fraudeurs. A quand la redynamisation des taxis de permanence? Ce qui semble gêner le plus les noctambules et les travailleurs de nuit, est l'absence récurrente des taxis de permanence. En effet, des dizaines d'employés exerçant dans de grandes boîtes, se voient contraints de recourir, chaque nuit, aux services des fraudeurs alors que la réglementation stipule que chaque taxi doit marquer son tour de permanence. Or, c'est le contraire qui se produit. Pis, certains chauffeurs, peu soucieux des règles de transport, se transforment en transporteurs clandestins dès le crépuscule, notamment lorsqu'il s'agit de longues courses. «Le prix exigé est triplé dès que le client annonce sa destination», a affirmé Mohamed, habitant le quartier populaire des Planteurs, situé sur les hauteurs du mont Murdjadjo. Et ce dernier d'ajouter que «rares sont les chauffeurs de taxi qui appliquent les tarifs de nuit». Dans cette jungle, une question est en droit d'être posée: «Où est donc la faille?» «Faute de plan de transport et de statut de chauffeur de taxi, l'usager reste le plus grand perdant», a regretté M.Mouad Abed, ajoutant que «la responsabilité est partagée entre l'APC, la direction des transports et le syndicat des transporteurs». Selon le représentant local de l'Ugcaa, «la ville d'Oran comprend plus de 50 stations de permanence, ces dernières sont envahies par des clandestins». Fini le bon vieux temps où le visiteur d'Oran peut s'offrir un taxi conduit par un chauffeur portant la tenue et représentant dignement la profession.