Historiquement, la Sélection nationale algérienne s'est constituée d'un amalgame de joueurs locaux et ceux évoluant à l'étranger. C'est en 1958, à la veille de la Coupe du Monde, que des joueurs professionnels ont abandonné des situations matérielles très confortables et des carrières prestigieuses dont certains étaient même mariés à des Françaises pour rejoindre les rangs de l'Equipe du FLN. L'idée de former l'Equipe du FLN est venue suite au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui s'est déroulé en 1957 à Moscou où l'Algérie était représentée par un groupe de sportifs. La tâche a été confiée à Mohamed Boumezrag. Ces joueurs dont les plus célèbres, Rachid Mekhloufi, Mustapha Zitouni, Boubekeur, Brahimi et autres Bentifour et Bouchouk et leurs frères sportifs ont répondu à l'appel du FLN en ralliant Tunis où était installé le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra). Mohamed Boumezrag est né le 13 juin 1911 à Orléansville, ex-El Asnam et actuellement Chlef dont le stade porte d'ailleurs son nom, et qui, depuis l'âge de 16 ans jouait au FC Blida avant de passer au Gallia Sport d'Alger (GSA) puis à Orléansville, avant de partir en France pour y intégrer Valenciennes, le Red Star, les Girondins de Bordeaux et enfin l'US Mans. Fort de cette expérience acquise dans les arcanes de la Fédération française de football du temps du président Gabriel Harnot, créateur de la Coupe d'Europe et de Georges Boulogne, Boumezrag a mis tout son art au service du FLN. C'est le 13 avril 1958 que les joueurs professionnels algériens, évoluant en France, partent clandestinement en direction de Tunis pour former l'équipe du FLN après la décision du Congrès de la Soummam. Puis ce fut l'apothéose. Le bilan de l'équipe est éloquent entre 1958 et 1962: 44 victoires, 10 nuls et 4 défaites seulement avec un total de 246 buts inscrits contre seulement 66 buts encaissés. L'Algérie du football a marqué de son empreinte cette période coloniale avec comme maître-penseur, un certain Mohamed Boumezrag qui décède à Alger vers la fin des années 1960, dans l'anonymat. Ce moudjahid n'a jamais cherché la gloire ni la fortune après s'être sacrifié pour la libération du pays sur les terrains de football.