Censée clore une décennie de crise politico-militaire, l'élection a connu une participation d'«environ 80%», un taux «historique» pour ce pays coupé en deux depuis le putsch manqué de 2002. L'ONU et la France ont appelé lundi soir les candidats à la présidentielle ivoirienne au respect des résultats, attendus aujourd'hui, et à la «responsabilité» au lendemain de ce scrutin historique qui a mobilisé environ 80% des électeurs, un record. Censée clore une décennie de crise politico-militaire, l'élection a connu une participation d' «environ 80%» des quelque 5,7 millions d'inscrits, un taux «historique» pour ce pays coupé en deux depuis le putsch manqué de 2002, a annoncé la Commission électorale indépendante (CEI). Par la voix de son président Youssouf Bakayoko, la commission a réitéré dans la soirée qu'elle avait jusqu'à mercredi (aujourd'hui) «pour rendre les résultats». «Nous les rendrons dans ces délais-là», a-t-il promis. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les candidats à «maintenir un environnement calme», à «accepter les résultats proclamés et certifiés et à résoudre les éventuels contentieux par les voies légales existantes». Les candidats «n'ont pas le choix», a prévenu son représentant à Abidjan Youn-jin Choi, à l'adresse des trois «grands» (sur 14), pour la première fois opposés: le président sortant Laurent Gbagbo, 65 ans, au pouvoir depuis 2000 malgré la fin de son mandat en 2005, l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié, 76 ans, et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, 68 ans. Saluant comme l'ONU le «bon déroulement» de l'élection, Nicolas Sarkozy, président de l'ex-puissance coloniale française, a appelé les trois rivaux à garder le «même sens des responsabilités». Les Ivoiriens se sont déplacés dimanche dans le calme et l'émotion, pour prendre part à la première élection véritablement ouverte de l'histoire du pays, repoussée six fois depuis 2005. Au cours des derniers jours, la crainte de violences après le scrutin était forte parmi la population mais aussi à l'extérieur: pendant la campagne électorale, pourtant mesurée, chaque camp s'était dit certain de sa victoire. La lenteur de la CEI à annoncer des résultats - alors que la journée de lundi avait été évoquée - a accru les tensions. Dans un climat de plus en plus lourd de rumeurs, des membres de chacun des trois grands partis communiquaient dans la journée de lundi des «résultats» donnant leur champion victorieux ou qualifié pour le second tour (qui serait organisé 15 jours après la proclamation des résultats définitifs du premier tour par le Conseil constitutionnel). M.Bakayoko a exhorté les Ivoiriens à ne pas se fier aux chiffres sortis par des «officines». A travers le pays, aucun incident notable n'avait été signalé dimanche, même si le vote a subi quelques carences d'organisation (retards dans l'ouverture des bureaux, absence d'une partie du matériel électoral...). La sécurité du scrutin était assurée par des brigades mixtes loyalistes/FN fortes de quelque 6600 éléments, soit moins que les 8000 hommes prévus. Elles étaient épaulées par les ex-rebelles au nord, police et gendarmerie au sud, et l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci, plus de 8500 hommes). Lundi, le calme a continué de régner dans la capitale économique Abidjan et à Bouaké (centre), fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord du pays depuis 2002. La présidentielle est censée clore la crise ouverte par le putsch de 1999 et aggravée par le coup d'Etat raté de 2002, qui a entraîné une guerre et la partition de ce pays longtemps donné en exemple pour sa stabilité et son «miracle» économique.