Le mouvement de redressement sort de l'ombre en constituant officiellement son comité de base. Le scénario de 2004 est-il en train de se reproduire au FLN? Le développement des événements durant ce week-end ne laisse aucun doute. Le mouvement de redressement et de l'authenticité met en marche sa machine. Conduit par des ministres, des députés, des sénateurs ainsi que d'anciens responsables du parti, le mouvement de redressement sort de l'ombre pour s'attaquer directement à la direction. Il ne s'agit plus de rumeur ou de simple agitation. Le mouvement vient de constituer officiellement son comité de base. Piloté par Mohammed Seghir Kara, ce comité est composé de 24 membres dont la plupart sont des anciens ministres et des parlementaires. Il a été mis en place lors d'une rencontre tenue jeudi dernier. Après avoir passé en revue la situation générale du parti et examiné le comportement de la direction, à sa tête le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, les redresseurs se sont engagés à passer à l'offensive. Le coordinateur, Mohammed Seghir Kara, a chargé tous les membres du comité à actionner les mécanismes juridiques, constitutionnels et organiques pour ramener le parti à sa ligne droite. Ce n'est pas tout. Le même jour, deux poids lourds du parti ont ouvert le feu sur la direction actuelle du FLN. Salah Goudjil et El Hadi Khaldi, respectivement ancien membre du secrétariat de l'instance exécutive et ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels sont revenus à la charge. Ce n'est pas un pur hasard si ces événements interviennent le même jour. Bien au contraire, le mouvement semble avoir bien affûté ses armes pour passer à l'offensive. Le bureau politique est le premier à être dans l'oeil du cyclone. La composante du BP ne plaît pas aux anciens militants du parti. M.Goudjil a qualifié M.Belkhadem de «dictateur» qui «refuse le dialogue et l'avis contraire». «Belkhadem n'apprécie pas d'être contredit. Il n'accepte pas le dialogue et n'aime pas qu'on lui demande des comptes et des explications», a-t-il déclaré jeudi dans un entretien au journal électronique «Tout sur l'Algérie (TSA)». De son côté, El-Hadi Khaldi n'a pas épargné le chef de file du parti. Le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels ne compte pas faire marche arrière et continue à s'en prendre à la direction. «La commission de discipline doit d'abord commencer à traiter les dossiers de Belkhadem et Si Afif», a-t-il répondu au sujet de la transmission de son dossier à la commission de discipline. Il incombe la responsabilité de l'anarchie que connaît le parti au niveau de la base au SG. «Les instances de base du parti, les kasmas et les mouhafadas n'ont pas connu de stabilité depuis que Belkhadem est secrétaire général du parti», a-t-il accusé. M.Khaldi défie M.Belkhadem d'avancer une seule kasma qui fonctionne correctement, qui ne connaît pas de problèmes et de divisions. Pour lui, les incidents qui s'étaient produits à Annaba, Oran, Aïn Defla, Tlemcen, El Oued, Djelfa sont des preuves qu'il y a des problèmes dans les kasmas du parti. M.Khaldi explique que le mouvement «redressement et authenticité» est une réponse à l'appel de détresse lancé par les militants de la base, après les dérives enregistrées de la base jusqu'à la direction du parti. «Abdelaziz Belkhadem, selon ses déclarations, s'est octroyé le droit d'enfreindre la loi et les règles du parti, et c'est ce qu'il a fait à plusieurs reprises. J'ai des preuves et des exemples concrets.» Le ministre a fait une déclaration fracassante en dévoilant que le slogan du 9e congrès du parti a été importé du Soudan et qu'il a adopté une nouvelle organisation calquée sur celle du parti au pouvoir en Egypte. Pour sa part, la direction actuelle du parti explique qu'elle ne fait qu'appliquer les recommandations du 9e congrès, adoptées par les militants et le comité central. La direction accuse les militants de n'avoir pas respecté le règlement intérieure du parti. Le porte-parole du FLN et membre du comité central, Aïssi Kassa, a fait savoir que les problèmes des kasmas sont dus au non-respect des règles par les superviseurs chargé de l'opération. Ce groupe de redresseurs non déclarés, auquel on reproche d'avoir «commis la faute grave d'atteinte aux statuts du parti» seront traduits devant la commission de discipline présidée par Ouezan Amar. Or, il faut reconnaître que les législatives de 2012 sont à l'origine de ces conflits. Pour garantir leurs places dans la liste électorale, les militants s'entretuent pour s'imposer au niveau des kasmas. Ce genre de confrontations n'est pas étrange au FLN. Comme à chaque rendez-vous, des voix s'élèvent pour dénoncer l'attitude de la direction. Or, nul n'ignore que la décision de changement n'est pas uniquement du ressort des militants.