Le Salon international du livre d'Alger, dans sa 15e édition, a tenu toutes ses promesses. Le nombre de visiteurs par jour, les ventes record de livres enregistrées quoti-diennement dans l'ensemble des stands et l'incapacité des salles de conférence à contenir la totalité du public voulant y assister sont les trois indicateurs confirmant que le Sila 2010 est loin d'avoir déçu. Samedi dernier, à 20 heures, les allées des différents stands du Salon étaient encore prises d'assaut par des milliers de citoyennes et de citoyens ainsi que par des enfants. Pourtant, il restait à peine quelques heures pour la fin du Sila. Ce phénomène a surpris les différents éditeurs venus de l'étranger. Le responsable de la délégation des éditeurs jordaniens a déclaré à M.Smaïl Ameziane, commissaire du salon, qu'il n'a jamais vu autant de monde dans les Salons du livre organisés dans les pays arabes. Les mêmes révélations ont été faites par des représentants des éditeurs syriens et libanais qui se sont étonnés devant autant d'affluence. «Les Algériens sont de gros consommateurs de livres», a fait remarquer un représentant des éditeurs libanais. Ces témoignages ont été donnés lors d'une rencontre tenue samedi, deux heures avant la clôture du salon. Une réunion ayant regroupé le commissaire du salon avec les éditeurs venus des pays arabes. Smaïl Ameziane n'a pas dissimulé sa colère devant ce qu'il a qualifié d'arnaque de la part des transitaires ayant traité avec les éditeurs en provenance de pays arabes. Il a affirmé qu'il s'attendait à ce qu'il y ait des réductions entre 15 et 25% sur les prix des livres de la part des éditeurs arabes comme cela est de tradition dans tous les salons de ce genre. Après les explications livrées par les éditeurs étrangers, on apprendra que la faute incombe aux transitaires qui ont multiplié leurs prix par cinq, c'est-à-dire que chaque éditeur a dû débourser la faramineuse somme de 15.000 dollars pour transporter ses livres à Alger. Smaïl Ameziane a affirmé qu'il n'avait pas connaissance de ce problème et il a dénoncé fermement cette escroquerie. Réduction ou pas, les férus de lecture sont restés au Salon jusqu'à l'ultime minute, guettant le moindre titre qui leur aurait échappé durant les premières visites. Au stand de «Casbah Editions», le caricaturiste Slim continue ses séances de vente-dédicace marathoniennes, à côté de Djoher Amhis qui a choisi d'écrire sur les précurseurs de la littérature algérienne. L'ancienne ministre et écrivaine Leïla Aslaoui a aussi opté pour le dernier jour du Salon international du livre d'Alger afin de procéder à la signature de ses livres et rencontrer ses lecteurs au niveau du stand «Dalimen». A côté d'elle, on remarque toujours la présence de l'auteur Louisanne Lahlou, qui est à sa troisième journée de participation au salon. Cette auteure a publié des livres sur Massinissa, Jugurtha, Juba 1er et Juba II. Ses ouvrages ont connu un accueil positif de la part des visiteurs du stand «Dalimen» vu les sujets qu'ils traitent. A 20 heures, toujours samedi dernier, le stand des éditions «Gallimard» ne désemplissait pas. Des affichettes sont collées ici et là. Elles annoncent que des réductions importantes attendent l'acheteur potentiel. Effectivement, l'ensemble des livres d'Albert Camus sont cédés uniquement à 300 dinars (contre plus de 700 dinars les premiers jours). Les visiteurs se sont rués sur «Le mythe de Sisyphe», «L'homme révolté», «Actuelles», «Caligula», et tant d'autres ouvrages du prix Nobel de littérature en 1957. De nombreux autres chefs-d'oeuvre de la littérature universelle ont disparu des étals des éditions «Gallimard». Le stand, très riche des éditions «Flammarion», s'est également vidé en dépit des prix faramineux affichés. Il ne reste plus aucune trace des bests-sellers de l'un des psychanalystes le plus célèbres, Pierre Daco mais aussi des trois livres de l'ancien conseiller du président américain, Stephen Covey ou encore du philosophe indien, Krishnamurti. En ces dernières minutes d'un Salon qui a défrayé la chronique, il était très difficile de se déplacer entre les stands vu l'affluence du public. 200.000 personnes se sont rendues au salon vendredi et samedi derniers, selon un organisateur. Dans la salle des conférences, Zeyneb Lawedj récite ses poèmes devant un public mordu de poésie. Il s'agit de la dernière rencontre du salon, à la fin de laquelle, une vente-dédicace de son livre édité au Liban était prévue. Pour permettre au nombre impressionnant de citoyens venus au Salon de profiter de ces derniers instants, les organisateurs ont ajouté deux heures supplémentaires, c'est-à-dire que le salon a fermé ses portes à 21 heures passées, au lieu de 19 heures.