La réaction des responsables est devenue un réflexe pavlovien. Au lieu d'anticiper les événements, ils préfèrent attendre que la population proteste. Le gouvernement est-il en panne d'idée? C'est la question qui tracasse, sans cesse, les 36 millions d'Algériens. L'échec des politiques se confirme de plus en plus. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour le confirmer. Le constat est fait de lui-même au quotidien. La crise du lait et la pénurie de billets de banque à la veille de l'Aïd l'illustrent parfaitement. Ce qui remet en cause encore une fois la gestion défaillante de nos responsables. Or, ces derniers refusent d'assumer cet échec en passant leur temps à tromper l'opinion publique ou à se renvoyer la balle. Qu'ils soient ministres ou directeurs, le discours des responsables est souvent déconnecté de la réalité. Preuve en est, la déclaration du responsable de l'Office interprofessionnel du lait a surpris plus d'un. «Il n'y a pas de crise du lait ni de pénurie», a-t-il déclaré en live hier matin. Nos responsables vivent-ils sur une autre galaxie? Alors que des unités de production sont complètement à l'arrêt depuis près d'un mois, l'invité de la radio dément les faits. Ce dernier n'est pas le seul à fuir ses responsabilités. Avant-hier, sur la même antenne, le patron d'Algérie Poste a rejeté toute responsabilité quant au manque de liquidités au niveau des bureaux de poste. «C'est la faute à la Banque d'Algérie», a-t-il lâché sans ambages. Il a rappelé aux Algériens que l'entreprise Algérie Poste n'est qu'un simple canal qui travaille pour le Trésor public dans la gestion des comptes CCP. De son côté, le gouverneur de la Banque d'Algérie n'a pas hésité à reprocher aux gens d'ouvrir des comptes CCP. Ce genre de situation traduit l'absence de coordination entre les différents maillons de la hiérarchie. La réaction de nos responsables est devenue un réflexe pavlovien. Au lieu d'anticiper les événements, ils préfèrent attendre que la population proteste. Sinon, pourquoi attendre que les postes soient à sec pour installer une cellule d'urgence. Le phénomène des pénuries s'installe dans la durée. Le gouvernement qui multiplie ses mesures n'arrivent plus à sortir la tête de l'eau. L'équipe d'Ahmed Ouyahia n'en finit pas de gérer les crises au cas par cas. L'installation des offices interprofessionnels dans différents secteurs n'est plus une option efficace. Le recours abusif à l'importation n'a guère réglé le problème. La liste des produits introuvables sur le marché s'allonge. Des produits alimentaires en passant par les matériaux de construction et des médicaments, les ruptures sont constamment signalées sur le marché. Après la pomme de terre, l'oignon, le blé, les viandes, le lait se fait de plus en plus rare. Pis encore, même le médicament. «Il faut se lever à 4 heures du matin pour pouvoir prendre son bol de lait chaud le matin», affirme un laitier en qualifiant de «très grave» cette situation. Alors que les viandes ont disparu de l'assiette depuis longtemps, la pénurie de lait risque de compromettre le petit déjeuner des milliers de famille et surtout d'enfants. Cette crise est l'exemple concret de l'échec des politiques suivies. Ce n'est pas tout. Les dernières pluies ont mis à nu la mauvaise gestion des collectivités locales. Routes barrées, effondrement de bâtisses, des trémies inondées, autant de désagréments signalés durant les dernières 72 heures. Plus grave encore. Des chutes de rochers ont causé la mort de deux personnes et blessé plusieurs autres au niveau de la R5 allant vers Bouira. S'exprimant sur ce sujet au JT de 20h avant-hier, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a pris les choses à la légère en précisant: «Cela arrive un peu partout dans le monde». Ainsi, ce fatalisme n'est pas l'apanage de l'Algérie, il citera au passage le cas de l'Australie. Or, si le travail avait été fait convenablement selon les normes internationales, les nouvelles trémies n'auraient pas connu de problème lors des intempéries. Il faut reconnaître que l'Etat débloque annuellement d'énormes budgets, mais la culture de l'entretien est complètement absente dans le jargon des gestionnaires. Les routes, les trottoirs, les voiries et les décharges publiques incarnent au quotidien la culture du laisser-aller. Normal, les responsables n'ont de compte à rendre à personne. L'absence de suivi et de sanction laisse libre choix aux responsables de gérer les deniers publics en ignorant complètement les doléances des citoyens. Les scandales de corruption qui ont éclaboussé les institutions de l'Etat ont démontré que le contrôle fait grand défaut.