Transformateurs et autorités sont en train de se noyer dans un verre de lait. A la crise de disponibilité du lait s'ajoute la mauvaise qualité de ce produit censé être un aliment indispensable, selon la plupart des nutritionnistes. Le lait transformé chez nous, connaît bel et bien un déficit en protéines entrant dans sa composition. Cela fait longtemps que la sonnette d'alarme est tirée par le département du commerce à ce sujet. Mais jusqu'à présent rien n'a été rien fait pour améliorer la situation. «Ce produit contient davantage d'eau que de lait», déplorent les consommateurs. L'absence du mécanisme de contrôle «a forcement induit un problème de manque de respect des normes de qualité du produit offert sur le marché», regrettent de nombreux professionnels de la filière. «La qualité du lait en sachet est tellement médiocre que les enfants refusent de le prendre. L'odeur qui se dégage donne la nausée. Le lait conditionné en boîte est inaccessible pour les ménages. Les producteurs jouent sur la dilution pour produire plus et multiplier les bénéfices», commente une consommatrice. Et un autre de soutenir: «J'achète chaque matin deux litres de lait de vache pour 40 DA/litre. Cela même si le lait en sachet est disponible». «Le lait est un produit sensible sur le plan microbiologique et physico-chimique qui exige un meilleur contrôle de la qualité», préviennent les nutritionnistes. Les bonnes pratiques de fabrication permettent la sécurité du consommateur. Ils optent généralement pour le lait produit par les filiales publiques de Giplait. Sa saveur et sa consistance sont jugées meilleures que celles du privé. Sachant toutefois, que nous consommons annuellement 1,2 milliard de litres fabriqué essentiellement avec la poudre, cette situation est loin d'être rassurante. Le ministère de l'Agriculture indique qu'il n'y a pas de crise, mais un simple dysfonctionnement. Il focalise plutôt sur l'intégration du lait cru dans la production. Dans la toute dernière feuille de route du département de Benaïssa, on a presque occulté la question relative à la qualité sanitaire de ce produit. Néanmoins, il est fait obligation à toutes les unités de transformation de collecter tout le lait cru, produit dans leurs régions respectives. S'ils ne le font pas, leurs quotas en poudre de lait seront réduits. Il est aussi question de la réorganisation de la filière en matière de réduction du volume de la poudre importée. Cette année, 135.000 tonnes de poudre de lait et 20.000 vaches laitières ont été importées. Le détournement par les transformateurs de la poudre de lait pour la fabrication de fromages et surtout de yaourts, est une autre problématique qui caractérise cette filière. D'ailleurs, le conseil interprofessionnel s'est réuni récemment pour parler de la moralisation de la profession. «Ceux qui veulent jouer le jeu sont les bienvenus, quant à ceux qui ne veulent pas, à partir de 2011, ils ne seront plus éligibles à cette poudre de lait», selon le président du Conseil interprofessionnel du lait, M.Chitour. Notons que dans la crise actuelle, les laiteries privées se plaignent de la non-disponibilité de la poudre. La Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) l'a souligné à maintes reprises en accusant directement l'Onil d'être à l'origine de ces crises.