Les envois de fonds des travailleurs émigrés dans le monde ont continué d'être une importante source de financement extérieur pour les pays en développement durant la récente crise financière mondiale. Mais l'Algérien reste à la traîne, malgré une forte communauté à l'étranger. C'est ce qu'indique le Recueil des statistiques de 2011 de la Banque mondiale sur les migrations et les envois de fonds (Migration and Remittances Factbook 2011). Si le Maroc se classe parmi les dix importants pays récepteurs des transferts d'argent en 2010 avec 6,4 milliards de dollars, par contre, l'Algérie avec 2 milliards n'arrive qu'en cinquième position loin derrière l'Egypte (7,7 milliards), le Liban (8,2 milliards), et la Jordanie (3,8 milliards). Les Algériens résidant à l'étranger hésitent à envoyer leur argent pour des raisons qui restent toutefois non identifiées. Mais les experts affirment que cette estimation pourrait être multipliée par dix, car les chiffres officiels ne tiennent pas compte des circuits informels par lesquels passent les émigrés pour envoyer leur argent. Le coût des services informels est estimé entre 3% et 5% du montant envoyé, alors qu'avec les banques et les organismes financiers spécialisés, cela peut atteindre 17% du montant. Les chiffres communiqués par la Banque mondiale prouvent que les Algériens résidant à l'étranger sont sceptiques quant aux promesses des officiels algériens. Le gouvernement, pour rappel, a prévu de mettre sur pied le Conseil national consultatif de la communauté nationale à l'étranger. Ce dernier sera de nature à associer les représentants de la communauté expatriée et les autorités nationales, dans une définition consensuelle des voies et moyens de consolider les liens avec le pays natal. Il serait un outil pour accroître la contribution de nos ressortissants établis à l'étranger au développement de l'Algérie. Rappelons que selon le même Recueil des statistiques de 2011 de la Banque mondiale sur les migrations et les envois de fonds au niveau mondial, les envois de fonds devraient se monter à 440 milliards de dollars d'ici à la fin 2010. D'après la Banque mondiale, les envois de fonds déclarés vers les pays en développement, après s'être redressés cette année, continueront d'augmenter en 2011 et 2012 et pourraient dépasser 370 milliards de dollars dans deux ans. «Les envois de fonds constituent un apport financier crucial qui accroît directement les revenus des familles de migrants», déclare Hans Timmer, directeur du Groupe des perspectives de développement de la Banque mondiale. «Ces envois entraînent une augmentation des investissements dans la santé, l'éducation et les petites entreprises. Grâce à un meilleur suivi de l'évolution des migrations et des envois de fonds, les responsables de l'action publique peuvent agir en connaissance de cause pour protéger ces entrées massives de capitaux - dont le montant est trois fois supérieur à celui de l'aide publique - et démultiplier leur impact», ajoute M.Timmer. En 2009, les principaux pays à l'origine des envois de fonds étaient les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite, la Suisse, la Russie et l'Allemagne. En 2010, au niveau mondial, les principaux pays bénéficiaires sont l'Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et la France. En pourcentage du PIB, ces transferts ont toutefois une incidence plus importante dans les petits pays, où ils représentent parfois plus de 25% du PIB.