La crise économique mondiale ne fait qu'impacter l'industrie. Elle frappe de plein fouet les transferts des fonds des migrants, ce qui risque de toucher certaines économies dans les pays en développement. Selon les prévisions de la Banque mondiale, les envois de fonds ne dépasseront pas 290 milliards de dollars en 2009, contre 305 milliards de dollars en 2008. Néanmoins, l'institution multilatérale met en avant le fait que, malgré cette baisse, les envois de fonds resteront plus élevés que les flux de capitaux privés et l'aide publique au développement. Selon la Banque mondiale, à mesure que la crise financière s'accentue partout dans le monde, les travailleurs migrants sont confrontés à un contexte plus difficile, caractérisé notamment par un chômage accru et des manifestations d'hostilité à leur égard. Néanmoins, le nombre relativement stable des travailleurs migrants permet aux envois de fonds de se maintenir. Les flux d'envois de fonds vont se maintenir, car de nombreux pays ont un nombre bien établi de migrants qui sont peu susceptibles de quitter leur pays d'adoption. Ces derniers continueront d'envoyer de l'argent à leur famille, même s'ils doivent réduire les sommes, explique l'économiste Dilip Ratha, responsable de l'équipe chargée des migrations et des envois de fonds à la Banque mondiale . Selon une nouvelle étude du Centre for Cities (Centre de recherches sur les villes - site en anglais), les travailleurs migrants originaires d'Europe de l'Est émigrés au Royaume-Uni y restent pour la plupart, en dépit de la montée du chômage. L'équipe de M. Ratha prévoit une légère diminution des envois de fonds en 2009, qui devraient représenter environ 1,8 % du PNB (contre 1,9 % en 2008). Cependant, étant donné que les envois de fonds ont connu ces dernières années une croissance à deux chiffres, selon les données officielles, cette baisse annoncée sera préjudiciable à de nombreux pays pauvres, comme l'explique la Fiche thématique sur les migrations et le développement (PDF en anglais), mise à jour, de la Banque mondiale. Celle-ci indique que les envois de fonds de Russie, d'Afrique du Sud, de Malaisie et d'Inde en direction des pays en développement sont " particulièrement exposés aux effets de la crise économique ". Les envois de fonds ont connu un net recul durant le deuxième semestre 2008, tout particulièrement en Europe et en Asie centrale. Dans des pays comme le Tadjikistan, la Moldavie et la République khirgize, dont de nombreux habitants ont émigré en Russie, la part des envois de fonds dans le PIB va diminuer " dans des proportions très importantes " souligne M. Ratha. L'une des raisons qui explique ce recul global est que les salaires des travailleurs migrants risquent de baisser davantage que ceux des travailleurs nés dans le pays. En élaborant les prévisions concernant les envois de fonds, l'équipe de la Banque a supposé que les salaires des travailleurs migrants chuteraient de 5 points de pourcentage de plus par rapport aux salaires des employés originaires des pays. Selon M. Ratha, on prévoit une baisse encore plus importante en Russie, en Malaisie et dans les pays du Golfe. M. Ratha a incité les pays en développement à tirer parti de la richesse de leur diaspora en émettant des obligations " diaspora " . En Afrique par exemple, ces obligations pourraient soutenir les pays dépendant d'une aide publique au développement restreinte. Les pays devraient également faire en sorte que les émigrés puissent envoyer de l'argent à leur famille plus facilement et à moindre coût, ajoute-t-il. Actuellement, le coût moyen des envois d'argent par les canaux officiels représente plus de 10 % de la valeur de la transaction. Dans certains pays, il peut atteindre 25 voire 30 %. Isma B.