Le sarkozysme n'aura finalement duré que très peu de temps! Trois jours après avoir reconduit son Premier ministre, François Fillon, et 48 heures après avoir approuvé un gouvernement recentré sur la fraction gaulliste de l'UMP, le chef de l'Etat a justifié, mardi dernier, ses orientations lors d'un long entretien télévisé. Parmi les personnalités sortantes figure le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui avait exprimé des réserves relativement à certaines mesures du gouvernement, y compris celles portant sur les Roms. Il est remplacé par l'ex-ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. Une autre recrue de gauche, Eric Besson, passe à l'Industrie. L'Immigration, dont il était chargé, passe, voire retourne sous la responsabilité du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, maintenu en poste. L'ex-ministre du Travail Eric Woerth, qui pourrait connaître des démêlés judiciaires en raison de son rôle dans l'affaire Bettencourt et autres, est exclu. Les secrétaires d'Etat Fadéla Amara et Rama Yade, qui incarnaient «la diversité» au sein du précédent gouvernement, ont aussi perdu leur poste. Des départs compensés en partie par l'arrivée au secrétariat d'Etat à la Jeunesse de la présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, Jeannette Bougrab. L'ex-Premier ministre Alain Juppé, qui était parti enseigner au Québec après une condamnation dans une affaire d'emplois fictifs, revient au gouvernement comme ministre de la Défense. Pour désamorcer la fronde, liée au départ volontaire de Jean-Louis Borloo, chef de parti centriste, du gouvernement, le poste de ministre de la Justice a été dévolu à un élu centriste, Michel Mercier. Une autre partie du casse-tête tournait autour du sort du leader parlementaire du parti de la majorité, Jean-François Copé, qui se serait vu proposer de passer au ministère de l'Intérieur. Il a finalement obtenu le poste de secrétaire général de l'UMP qu'il convoitait. Intervenant en direct et en simultané sur les chaînes de télévision françaises France2, TF1 et Canal+, le président français Nicolas Sarkozy a expliqué mardi soir avoir renoncé au ministère de l'Identité nationale car ce mot a provoqué un malentendu. «Sans doute qu'on s'y est mal pris et qu'il n'a pas été compris», a-t-il avancé. Il a toutefois précisé: «J'ai renoncé à l'identité nationale comme mots, mais sur le fond des choses je n'y renonce pas.» D'ailleurs, dans la nouvelle formation du gouvernement Fillon, le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale a disparu et le portefeuille de l'Immigration a été rattaché au ministère de l'Intérieur, une décision qui sera incontestablement applaudie par les 4 millions d'Algériens qui vivent en France. Le chef de l'Etat français considère également qu' «à partir du moment où la France régule ses flux migratoires, elle pourra recommencer à intégrer les gens dans de bonnes conditions». «C'est la raison pour laquelle j'ai été amené à prendre ces décisions», a-t-il conclu sur ce chapitre. Quelles que soient les raisons de ce remaniement, Nicolas Sarkozy a encore beaucoup à faire pour prétendre à la grâce des Français.