Pour l'année en cours, ce système a été généralisé à toutes les filières. Un climat de tension règne à l'université de Béjaïa. Les étudiants sont mécontents de leur situation pédagogique. Un mouvement de protestation prend forme. Un comité de crise est installé. Après avoir procédé successivement à la fermeture des facultés des lettres et des sciences humaines, d'économie puis de droit, le comité de crise, installé à l'issue de la deuxième assemblée générale pour organiser et encadrer le mouvement de protestation, sort de sa réserve pour dénoncer publiquement à travers une déclaration, «l'accumulation des injustices» dans cette institution. Deux assemblées générales ont été initiées permettant aux étudiants de soulever les problèmes qu'ils vivent dont le «dysfonctionnement du système LMD et ses contradictions, la limitation des accès au master, le harcèlement sexuel, la gestion autocratique de l'université». Dans le document qui nous a été transmis, les étudiants estiment que «les critères de sélection imposés ne sont qu'une suite au processus de la réforme LMD, dont la généralisation engendre la mort de l'ancien système, l'arrêt net du cursus universitaire sans passerelle au niveau du système imposant une spécialisation précoce, la réduction des années d'études, un climat de concurrence freinant le travail collectif, l'échange et la transmission et l'accroissement du savoir». «Le refus de l'administration d'appliquer les règles de progression dans le cursus prétextant le manque de places pédagogiques», démontre, aux yeux des étudiants, «son incapacité à répondre à leurs besoins et attentes». Ce constat, ajoutent-ils, n'est autre que «l'échec de cette nouvelle réforme qui vise seulement la gestion de flux et le désengagement financier de l'Etat vis-à-vis du secteur de l'enseignement». Pour ce comité, «l'université perd sa mission de transmission de savoir pour devenir un atelier d'apprentissage et de formation accélérée et de plus en plus spécialisée». Il cite pour preuve le cas du département de la langue amazighe de par «les nouveaux critères de passage «inventés», refusant aux étudiants de la deuxième année d'accéder à la 3e année, en dépit de l'accomplissement des conditions de progression énoncées par l'arrêté n°137 du 20 juin 2009 portant modalités de l'organisation et de l'évaluation et de la progression dans les cycles d'études conduisant au diplôme de licence et de master. Devant ce constat, les étudiants demandent «l'inscription au master sans critères ni conditions à tous les licenciés et la réhabilitation dans leurs droits, les étudiants ajournés injustement». L'absence d'un CHU, la manque de laboratoires et d'encadrement des étudiants en médecine, le retard dans les délibérations dans différents départements et la lenteur dans le démarrage de l'année universitaire, sont d'autres problèmes soulevés dans le même document. Face à ce constat, le comité de crise estime toute la nécessité de «s'armer d'un cadre de lutte pour sauvegarder leurs intérêts légitimes. Partant, un appel est lancé à l'ensemble des étudiantes et étudiants à se mobiliser pour une riposte commune et d'envergure. Il est utile de préciser que l'université de Béjaïa adopte depuis 2004 le nouveau système licence-master-doctorat (LMD). Pour l'année en cours, ce système a été généralisé à toutes les filières. Avec un peu plus de 40.000 étudiants, l'université de Béjaïa a connu une évolution quantitative, quant à la qualité celle-ci laisse à désirer et le document en notre possession le confirme à bien des égards. Il faut signaler que ce n'est pas la première fois que le système LMD est décrié au niveau de cette institution.