Le parti du président soudanais, Omar El Bechir, et l'ex-rébellion sudiste se sont mutuellement accusés samedi «d'intimider» les Sud-Soudanais vivant dans le nord du pays qui s'inscrivent en petit nombre sur les listes électorales en vue du référendum d'indépendance du Sud. Des responsables du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm, ex-rebelles sudistes) ont visité samedi des centres d'inscription dans la banlieue de la capitale Khartoum. A proximité, des «comités de citoyens», «bras» du Parti du congrès national (NCP) au pouvoir à Khartoum, recueillent les numéros de téléphone de Sudistes après leur inscription sur les listes, selon ces responsables. Ils vont ensuite leur dire: «Vous devez voter pour l'unité lorsque vous viendrez voter», a dit Atem Garang, haut responsable du Splm, lors d'une conférence de presse à Khartoum. «C'est de l'intimidation, c'est contraire à la loi», a-t-il dénoncé. Environ cinq millions de Sudistes - vivant au Sud, au Nord et dans la diaspora - sont conviés à s'inscrire sur les listes électorales en vue du référendum d'indépendance du Sud-Soudan prévu le 9 janvier et qui pourrait aboutir à la partition du plus vaste pays d'Afrique. L'option sécessionniste doit recueillir une majorité absolue (50% + une voix), et 60% des électeurs inscrits doivent exercer leur droit de vote pour que le résultat de cette consultation soit jugé valide. L'inscription des Sudistes au Nord-Soudan, ouverte lundi, est très faible jusqu'à présent. Des courriels ont circulé sur la Toile invitant les Sudistes au Nord et à l'étranger à boycotter l'inscription, et donc le scrutin, afin de discréditer d'éventuels imposteurs souhaitant s'inscrire massivement sur les listes. L'ex-rébellion sudiste a assuré samedi ne pas être à l'origine de cet appel au boycott. «Nous n'avons pas dit (aux Sudistes) de boycotter l'inscription», a dit M.Garang. «Le Splm encourage les Sudistes au Nord à ne pas s'enregistrer parce qu'ils pensent que la plupart des Sudistes vivant au Nord sont favorables à l'unité. Et comme vous le savez, le Splm est maintenant en faveur de la séparation», a, pour sa part, dit Mandour al-Mahdi, haut responsable du parti au pouvoir (NCP). Le Splm «intimide, menace, et effraie la population (de Sudistes) au Nord», a-t-il ajouté, en marge d'un rassemblement samedi soir du Haut conseil pour la paix et l'unité de l'Etat de Khartoum, où se sont exprimés plusieurs sudistes manifestement en faveur de l'unité du Soudan. Des milliers de Sudistes ont par ailleurs quitté Khartoum ces dernières semaines afin de retourner au Sud-Soudan avant la tenue du référendum. «Si vous vous inscrivez maintenant sur les listes et que votre famille migre en novembre ou décembre vers le Sud, alors vous ne pourrez pas voter» lors du scrutin de janvier, a souligné M.Garang, qui y voit une des causes de désaffection de l'inscription sur les listes de scrutin dans la capitale.