Ils ont accordé 1100 milliards de centimes de dommages et intérêts à un entrepreneur privé. Deux magistrats de la cour d'Alger et un expert agréé auprès des tribunaux ont été présentés, jeudi dernier, devant les juges du tribunal criminel de Blida. Le procès a été reporté au 31 octobre prochain par la présidente de la cour, après délibération pour cause de l'absence d'un témoin à charge. Ces derniers sont accusés de falsification de documents judiciaires et de corruption. L'affaire remonte à quelques années, quand la Chambre d'administration près la cour d'Alger a accordé des dommages et intérêts de 1100 milliards de centimes (11 milliards de dinars) à l'entrepreneur, M.Abdelmadjid Belahcène, qui a poursuivi Sonatrach en justice. Il est reproché à l'expert d'avoir établi une expertise plus que favorable au demandeur. Quant aux deux magistrats, qui ont plusieurs années d'expérience, ils sont accusés d'avoir accordé des dommages et intérêts excessifs à M.Belahcène, l'entrepreneur en conflit avec la plus grosse société algérienne. Les deux magistrats sont aussi soupçonnés d'avoir touché de l'argent pour rendre un tel verdict, lorsque le scandale a éclaté. Voilà plus de deux ans que l'entrepreneur a réussi à quitter le territoire national pour se réfugier en Belgique avec son épouse proche de la famille royale belge et de son fils âgé de 13 ans à l'époque. Une fois à Bruxelles, où il réside, M.Belhacène ne lâche pas l'affaire et continue à réclamer ses dommages et intérêts. Aidé par certaines personnalités buxelloises, M.Belhacène arrivera à bloquer les comptes de Sonatrach dans le Benelux. Selon des sources proches de l'entrepreneur même les 110 millions de dinars qui lui ont été accordés ne reflètent pas la réalité. Les mêmes sources indiquent que l'expert judiciaire, désigné en 1989, pour évaluer le préjudice causé par la Sonatrach, a estimé à plus de 150 millions de dinars les pertes de l'entrepreneur. M.Belahcène réfute cette expertise et il en réclame une autre, en prenant en considération la dévaluation du dinar qui coûtait 10 fois plus à la fin des années 80. Par ailleurs, M.Belahcène a toujours reproché à Sonatrach d'essayer de fuir ses responsabilités, M.Belahcène reconnaît toutefois n'avoir fait aucun travail pour le compte de la Sonatrach. Il soutiendra aussi s'être déplacé sur les sites indiqués en mobilisant de gros moyens humains et matériels en vain, car la société hollandaise, qui devait réaliser les zones à sécuriser n'avait pas rempli convenablement son contrat, a néanmoins perçu 85% du montant de la transaction selon notre source. Toujours selon notre source, la base de vie de la société Erbatis de l'entrepreneur Belahcène a été complètement saccagée en octobre 1999, après avoir réclamé son dû à la Sonatrach. Cette base de vie était située à Hassi-R'mel, une zone dite de haute sécurité. Le procès qui s'ouvrira le 31 octobre prochain lèvera-t-il le voile de la vérité d'autant, qu'entre-temps, M.Belahcène a été assassiné par son épouse à Bruxelles, selon notre source. Nous y reviendrons.