Les choses semblent s'accélérer pour le mouvement citoyen de Kabylie. Un conclave peut en cacher un autre. Le rejet des élections n'étant pas un objectif, les animateurs de ce mouvement né des évènements douloureux qui ont éclaté en avril 2001, sont à présent, à la recherche des voies et moyens à même de permettre une cohésion mal menée depuis la décision de participation du Front des forces socialistes aux élections locales. Pas moins de trois rencontres ont eu lieu durant la semaine passée. Les wilayas les plus influentes ont d'ores et déjà pu se concerter au lendemain d'une élection des plus ambiguës de l'histoire de l'Algérie indépendante pour débattre de l'après-10 octobre. Une batterie d'actions afin de capitaliser, d'une part le rejet du vote et exiger la libération des détenus, d'autre part, ont été retenues par la CADC et la CICB. Ces propositions ont été au centre des débats de ce conclave extraordinaire dont les travaux s'étaient ouverts dans la matinée d'hier à Tifra, dans la wilaya de Béjaïa. En effet, c'est dans une véritable sérénité retrouvée que les animateurs de la coordination interwilayas se sont retrouvés pour débattre du bilan de l'action du rejet du dernier scrutin des locales et des perspectives d'avenir. Trois objectifs sont au centre des préoccupations des délégués de l'interwilayas. Outre les actions de riposte pour faire pression sur les pouvoirs publics en vue de la libération des détenus, les conclavistes se sont surtout concentrés sur la réplique à opposer à l'installation des nouvelles assemblées élues. Si pour la libération des détenus, les deux principales coordinations de l'interwilayas ont d'ores et déjà opté pour une radicalisation qui se traduira sur le terrain par les sit-in et autres rassemblements devant les tribunaux, il n'en est pas de même pour «l'empêchement» de l'installation des nouvelles assemblées élues puisque les délégués doivent aussi trouver des réponses à un certain nombre d'interrogations, notamment celles liées au palliatif nécessaire pour la gestion des collectivités locales. A Tizi Ouzou comme à Béjaïa, ce souci est plus que jamais présent chez les animateurs qui se sentent dans l'obligation d'apporter des solutions au risque de se voir discrédités auprès d'une population gagnée par une inquiétude grandissante. Notons à propos, que plus d'une dizaine d'assemblées ont été déjà installées à Béjaïa sans aucun incident. Dans certaines communes, les sections FFS ont pris les devants comme pour mieux appréhender la journée de l'installation. C'est le cas, notamment, de la section d'Akfadou où une déclaration virulente a été rendue publique. L'autre élément, ne manquant pas d'intérêt, reste incontestablement les perspectives politiques futures pour donner un nouveau souffle au mouvement citoyen. Si dans la wilaya de Béjaïa l'option de la consultation de la base, qui est définitivement retenue, semble être le meilleur moyen d'avancer eu égard aux nouvelles donnes survenues depuis quelques mois, la wilaya de Tizi Ouzou a, en revanche, préféré actionner la commission de réflexion. Toujours est-il que le retour à la base n'est pas sans dénoter ce besoin de ressourcement qu'éprouvent les délégués communaux devant une nouvelle conjoncture des plus incertaines. A l'heure où nous mettons sous presse, les travaux de cette rencontre extraordinaire des archs se poursuivaient encore. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.