Selon les avocats de la défense, «le réquisitoire est une injure à l'intelligence». La perpétuité a été requise hier, par le représentant du ministère public à l'encontre des ex-cadres de la compagnie nationale de navigation (Cnan). Par contre, deux ans de prison ferme ont été requis contre l'ingénieur, Idris Mohamed. Ce dernier a été condamné à un an de prison avec sursis en première instance. Les avocats de la défense sont intervenus hier. Le bal a été ouvert par maître Brahimi. «C'est un outrage à l'intelligence et au droit que d'imputer la responsabilité pénale des faits d'autrui aux accusés qui ne sont que des employés de la Cnan», a-t-il fait remarquer d'emblée. Cet éminent avocat a pu détruire les éléments de l'accusation sur lesquels s'est basé le procureur dans son réquisitoire. Paradoxalement, selon le même avocat, «si le procureur a relevé le comportement exemplaire de tous les cadres mis en cause, par contre, il est allé jusqu'à demander la perpétuité contre eux». «Non seulement, le parquet qui semblait satisfait, n'a pas fait appel contre le jugement de la première instance, ce qui est en soi une violation de principe général du droit mais il a aussi exploité notre recours en exigeant de surcroît la peine maximale.» En fait, apprend-on, seuls les accusés avaient fait appel. Le procès de l'affaire Cnan est différent de celui du séisme de Boumerdès et Bab El Oued dont la justice a conclu à la force majeure à l'origine de ces tragédies, selon le procureur. «C'est totalement faux», a clamé l'avocat. Pour la simple raison, indique-t-il que «tout le monde se souvient que le parquet à demandé la condamnation des accusés dans l'affaire du séisme de Boumerdès qui demeure encore au niveau de la Cour suprême». Citant le communiqué du Parti des travailleurs selon lequel la condamnation des accusés est un massacre contre les cadres, une décision arbitraire et une pure instrumentalisation de la justice, l'avocat a souligné qu'«aucune réaction n'est venue de la part du gouvernement». «Le vrai dossier de cette affaire est ailleurs», a-t-il encore commenté. D'abord, estime-t-il, la commission d'enquête du ministère des Transports, a occulté la responsabilité du Conseil national de sauvetage (Cnos) relevant des gardes-côtes, et la responsabilité de l'entreprise portuaire (Epal). Il rappelle que «les navires Béchar et Batna dont le premier en arrêt depuis le 15 janvier 2004 et le second depuis 3 ans, étaient en rade sous la responsabilité des deux entités sus-indiquées», «le comandant du Batna et son adjoint, étaient chez eux pour passer l'Aid au moment du naufrage». «Ces derniers sont promus au lieu d'être poursuivis», a-t-il encore observé. Pour rappel, la composante du tribunal criminel chargé de l'examen de cette affaire a été changée, comme l'a déjà annoncé le procureur général près la cour d'Alger. Le magistrat, Omar Belkharchi, a été remplacé par le juge Abdelmalek Boubetra. Interrogé par le magistrat sur le recrutement d'un malade mental, l'ex-P-DG de la Cnan s'est longuement attardé sur les témoignages recueillis lors de l'enquête. «Les témoignages ne sont pas crédibles, il s'agit bien, Monsieur le président, de représailles», a dit Ali Koudil, ex-PDG de la Cnan. En argumentant ses déclarations, il dira que «le témoin Laker, commandant de bord, a été déjà licencié de la compagnie suite à ses déclarations à la presse portant préjudice à la société».