L'occasion se présente, encore une fois, aux dirigeants des pays au nord et au sud de la Méditerranée pour aborder avec franchise et sérénité la situation au Sahel. Le terrorisme, ce phénomène transfrontalier, constitue une menace réelle pour bon nombre de pays de notre planète. Un message que le monde, et notamment, les puissances occidentales, ont fini par bien comprendre. Cette prise de conscience du danger que constitue ce fléau a incité les Etats à mettre en pratique une véritable coopération de lutte contre ce phénomène. A l'occasion du troisième sommet Union africaine-Union européenne en Libye, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Europe et de l'Afrique ont inscrit la question sécuritaire à l'ordre du jour de leur réunion. Un dossier, et pour cause, devenu l'une des priorités des dirigeants du monde. Ainsi, outre l'immigration clandestine, la coopération économique et commerciale, le volet sécuritaire reste l'un des défis que l'UA et l'UE ont à relever. Or, la sécurité des pays du Vieux Continent, notamment ceux riverains de la Méditerranée, dépend de la stabilité de l'Afrique. La menace ne provient pas uniquement de l'Afrique, mais également de l'Europe où les groupes armés sont souvent fort bien installés quand ils ne bénéficiaient pas - du moins avant la déflagration du 11 septembre 2001 - de la mansuétude des pays d'accueil. Toutefois, en cette première décennie du troisième millénaire, le terrorisme n'a plus ni origine ni identité. L'occasion s'offre donc aux dirigeants européens et africains de faire le point sur la question pour mieux en dégager les tenants et aboutissants en abordant le problème sous toutes ses dimensions et implications. Parmi les points chauds qui font l'actualité, en matière de sécurité, figure la situation que traverse le Sahel. De fait, l'actualité est braquée sur cette région du fait des kidnappings dont sont l'objet les ressortissants européens. Cette situation a provoqué un certain malaise, vu que les pays européens paient les rançons pour assurer la libération de leurs ressortissants. Une pratique que les Nations unies, sur proposition de l'Algérie, ont dénoncé, voire condamné à maintes reprises. C'est dans ce contexte que cette question fera, il ne fait aucun doute, l'objet de débat à Tripoli. L'occasion est aussi offerte, aux pays de la bande sahélo-saharienne, premiers concernés d'aborder ce volet avec leurs éminents homologues européens et africains. Le dossier, rappelle-t-on, a fait l'objet d'un mini-sommet entre les chefs d'Etat de la région, à l'occasion de la clôture du 2e Sommet afro-arabe qui a eu lieu en octobre dernier à Syrte en Libye. Comme souligné plus haut, l'enjeu est d'une extrême importance. L'opposition au paiement de rançon et à l'ingérence étrangère dans la région constituent le cheval de bataille de l'Algérie. Alger a mené à un grand travail diplomatique pour amener les pays occidentaux à s'opposer au versement des rançons. Aussi, un minimum de coordination doit exister entre l'UA et l'UE pour lutter contre le fléau terroriste, sans que des puissances, extra-continentales, aient à imposer leur point de vue sur le dossier. Or, des pays occidentaux «proposent leurs services» pour une «intervention militaire» dans la région. C'est le cas, notamment, de la France qui a déployé des soldats au Niger après avoir mené avec la Mauritanie un raid, raté, au Mali pour traquer les groupes armés. Ces faits ne sont pas isolés. La France a exercé des pressions sur le Mali qui eurent pour effet l'élargissement de quatre terroristes en contrepartie de la libération de l'ex-otage français Pierre Camatte. C'est autant d'éléments qui devraient amener les pays participant au travaux de la réunion d'aujourd'hui de débattre le fond du problème, avec sérénité et sans tabou, comme identifier les obstacles qui freinent l'application de la résolution de l'ONU criminalisant le paiement de rançon et surtout laisser les pays directement concernés par la situation au Sahel à prendre en charge la lutte contre ce fléau. Sur ce point, l'Algérie, rappelle-t-on, a exprimé une position claire. Alger demande au monde d'aider au développement des pays sahéliens, manière de contrer l'influence des groupes terroristes. Proposition qui n'a pas, jusqu'à l'heure, agréé aux Occidentaux, plus préoccupés par leur seule sécurité comme d'imposer leur point de vue.