Les régions de M'chedallah, Haïzer à l'est, Kadiria et Lakhdaria à l'ouest, sont couvertes d'oliviers millénaires. La wilaya de Bouira dispose d'un important parc oléicole. La superficie du verger oléicole comprend 22.374 ha alors qu'il était de 19.000 ha en 1999. Une ceinture oléicole d'une consistance globale de 5 millions d'oliviers a été projetée sur la bande sud de la wilaya de Bouira, sur une longueur de 50 km et une largeur de 500 m. Sa mise en oeuvre avait été lancée le 17 octobre 2009 à l'occasion de la Journée nationale de la vulgarisation agricole. Sur cette superficie oléicole globale, qui compte quelque 2.237.400 oliviers, seuls 18.420 ha, c'est-à-dire 1.842.000 oliviers, sont productifs. Les régions de M'chedallah, Haïzer à l'est, Kadiria et Lakhdaria à l'ouest, sont couvertes d'oliviers millénaires. Cette richesse a été un facteur avantageux dans la création d'huileries de plus en plus modernes. L'année 2010 - 2011 sera une bonne année selon les spécialistes de la filière. En effet et selon les anciens, l'olivier est prolifique une année sur deux. L'année dernière, la production oléicole était des plus faibles avec seulement 2,2 millions de litres alors que le record de production a été enregistré en 2003-2004 avec 8,5 millions de litres. Depuis bientôt une quinzaine de jours, les huileries ont repris le travail et reçoivent le produit. Pour les moyens de trituration, et d'après la DSA, il existe quelque 192 huileries dont 89 modernes, acquises dans le cadre du Fnrda. La majorité est implantée dans la région de M'chedallah. Cette dernière est considérée comme une région oléicole par excellence avec son huile label, «zith achemlal» qui possède le plus faible taux d'acidité à l'échelle mondiale avec 0,1%. La valeur nutritive de cette huile produite localement est très appréciée pour sa qualité mais elle reste à la merci des conditions de production et de conservation. Précisons que l'année dernière, certaines huileries ont été amenées à s'alimenter des autres wilayas du pays devant la maigre récolte. S'attendant à produire plus de 6,4 millions de litres, les professionnels continuent à rencontrer l'éternel problème de commercialisation. Si pour la majorité des petits producteurs, la récolte reste pour les besoins de la famille, les gros producteurs, eux qui commercialisent et qui ont investi dans le secteur, la difficulté de vendre reste un frein. Lors du dernier Salon de l'agriculture tenu à Bouira, plusieurs maisons ont exposé de l'huile de haute qualité qui a été même primée outre-mer. Le conditionnement, l'étiquetage et la traçabilité sont des difficultés qui maintiennent le produit dans un anonymat total. La récolte aussi qui a gardé son caractère ancestral et la non-modernisation des moyens font que la filière tend à rester archaïque malgré les grosses sommes injectées dans le cadre des divers programmes de soutien et d'aide. «Quand sous d'autres cieux, on utilise des sécateurs déportés, électriques ou pneumatiques, des scies d'élagage, des tronçonneuses pneumatiques, des fourches vibrantes et des vibreurs de troncs, les paysans algériens continuent à faire appel à des moyens rudimentaires. Cette façon de faire retarde la période de cueillette, encombre les huileries et affecte la qualité de l'huile», pense le propriétaire d'une Sarl qui s'est spécialisée dans le domaine. «Des pays voisins ont mis le paquet et exportent une grande quantité d'huile quand nous, nous continuons à exposer nos produits sur les routes au soleil...», conclura notre interlocuteur. «Quand on voit les conditions de stockage, on comprend pourquoi notre huile n'est pas labélisée. Le bidon de plastique doit n'être utilisé que pour aller chercher l'huile au moulin et la ramener à la maison. En aucun cas, on ne doit y laisser l'huile plus de quelques jours au risque de la voir se gâter rapidement. Le stockage nécessite des bidons en inox pour transvaser l'huile et enlever les dépôts de margine» ajoutera un ingénieur agronome. A la question de savoir si le prix de l'huile baissera au regard de la production abondante, un professionnel nous dira: «Le prix de l'huile, 350 DA en moyenne, n'est pas directement dépendant de la quantité. Les difficultés à récolter les olives, la période très limitée dans le temps et l'inexistence d'un circuit de vente organisé ou réglementé, influent sur le coût». La production attendue malgré son importance ne sera d'aucun impact direct sur la commercialisation, les prix, la qualité et l'essor de la filière tant que l'intervention de l'Etat se limitera à des projets d'organisation d'une filière qui reste un héritage et un élément de l'identité de toute une nation. Ne l'appelle-t-on pas simplement «l'huile kabyle»?