Dès 8 heures, hier matin, 200 autobus ont démarré avec pas moins de 2200 voyageurs à leur bord. Annoncée en grande pompe, la grève des transporteurs n'a finalement pas eu l'effet escompté. «Il s'agit d'un fiasco dans la mesure où le transport est assuré dans de bonnes conditions», a déclaré, hier, à L'Expression Mohamed Maloufi, directeur de l'exploitation à la société de gestion de la gare routière d'Alger. Mis à part les commerçants qui ont baissé rideau, aucun local n'était ouvert, excepté une pharmacie qui traite uniquement les situations d'urgence. Pas de signe indiquant une journée de grève. Et pour pallier ce «flop», la Sogral a fait appel à «Restau-rail», une filiale de la Sntf, qui a garanti la restauration à l'ensemble des usagers. Vêtus d'une tenue réglementaire, des serveurs ont répondu aux sollicitations importantes. A 8 heures, légèrement passées, un ensemble de 200 bus contenait déjà pas moins de 2200 voyageurs. A ce moment, 900 avaient pris la route vers Tizi Ouzou. Une destination qui connaît, comme à l'accoutumée, un afflux des plus importants. Le pari engagé par l'Union nationale des transporteurs tombe à l'eau. Uniquement 50 bus n'ont pas été de service. Et la Sogral jubile. «Le taux de suivi de ce débrayage est de 0%. Les quelques défaillants ont été vite remplacés», a poursuivi M.Maloufi. Approchés, certains voyageurs ont dénoncé, haut et fort, cette volonté d'opter pour une journée de protestation qu'«on croit une solution». «Si ce n'est la forte mobilisation des responsables de la Sogral, ces pseudo-protestataires vont nous mettre dans une situation des plus pénalisantes», affirme Mouloud, étudiant en 3e année d'interprétariat en partance pour Béjaïa. Des femmes et hommes de tous âges se sont rendus à la gare du Caroubier. Outre les principaux opérateurs comme Boucheneb, Zebbouj et Baji qui n'ont pas répondu à l'appel à la grève, «des bus supplémentaires du secteur public et privé, en direction des moyennes lignes telles Bouira, Chlef... ont été réquisitionnés par la wilaya d'Alger», a précisé M.Maloufi. Sur sa lancée, le directeur d'exploitation à la Sogral estime que les acteurs ayant appelé à une journée de grève «veulent construire un cartel du transport». Après les explications de Mohamed Maloufi, on s'est dirigé vers les différents quais du parking. Une série de bus assurant la liaison entre Alger-Dergana, Boumati- Bordj El Kiffan...devaient rejoindre Tizi Ouzou. Certains voyageurs qui se rendaient dans cette ville ont été surpris par la présence d'un bus Sonacome peu commode. «Vous voulez qu'on ait des vertiges», tonne Linda. Et Madjid, dessinateur originaire d'Azazga, lui emboîte le pas. «Où sont les autres cars?», s'est-il interrogé. Les deux mécontents n'étaient pas au courant du mouvement de protestation auquel a répondu une partie infime des opérateurs. Informés, ils ont rejoint, hésitants, l'ensemble des voyageurs. Le bras de fer opposant l'Unat et les commerçants à la Sogral se remarque sur les écrits affichés sur les murs. C'est du tac au tac. Les uns accusent, d'autres récusent. «Non à la répression de la Sogral» ou encore «Pourquoi les portes du dialogue sont-elles fermées?», dénoncent les protestataires. Ayant fait preuve d'un sang-froid plusieurs jours durant, les responsables de la Sogral semblent finalement avoir pris goût à ce jeu de mots sans concession. «Le salon Mezghenna a 17 ans d'impôts impayés. Qui est le haggar?», ont-ils rétorqué. Ce salon, avait souligné M.Maloufi, est un lieu de rencontres où des actes contre nature comme la prostitution et le proxénètisme sont commis quotidiennement. Un troisième larron s'est invité à cette partie. Il s'agit de la Fédération nationale des transporteurs de marchandises. Son président Boucherit Abdelkader, a lancé un appel aux transporteurs pour faire preuve de responsabilité et de compréhension afin de geler la grève. Après l'échec cuisant qu'a connu la journée de protestation d'hier, les transporteurs doivent revoir leurs arguments pour convaincre.