Les populations sont toujours à pied d'oeuvre dans la phase cueillette. La campagne oléicole 2010 tire à sa fin à travers toutes les communes de la wilaya de Tizi Ouzou avec des prévisions de récolte qui avoisinent les 10 millions de litres. Des prévisions certes, alléchantes, selon les connaisseurs et les services de la DSA (directions des services agricoles). Les populations sont toujours à pied d'oeuvre dans la phase cueillette alors que d'importantes quantités d'olives attendent déjà dans les espaces de stockage des huileries. Cela pour le côté euphorique. Le côté pratique et concret, quant à lui, présente d'énormes appréhensions et craintes. Ces mêmes services n'ont pas omis de joindre à leurs prévisions optimistes des recommandations en signe d'avertissement. Ainsi, l'Institut technique de l'arboriculture fruitière et de vigne (Itafv) ainsi que la DSA ne cessent de rappeler aux populations le nécessaire respect des techniques de cueillette, de stockage et de trituration. L'avertissement vaut son pesant d'or, car il vise le résultat final: la qualité de l'huile produite. La quantité a toujours été bonne, mais la qualité nécessaire pour le label et la commercialisation, elle, demeure en deçà des attentes. Or, cette année, les méthodes de cueillette s'avèrent similaires aux précédentes. Rudimentaires, traditionnelles et non conformes aux techniques recommandées. Pis encore, cette saison, les agriculteurs commencent à tirer la sonnette d'alarme sur les pratiques des propriétaires des huileries réparties à travers les communes. Il existe à Tizi Ouzou quelque 63 huileries modernes. Censées apporter la qualité nécessaire pour la commercialisation de l'huile d'olive locale, celles-ci demeurent jusqu'à présent impuissantes à renverser la donne. Le taux d'acidité avoisine encore les 6%, empêchant la conformité du produit aux standards internationaux de commercialisation. Les causes sont toujours les mêmes. En effet, loin de satisfaire à leur rôle de précurseurs d'un secteur agroalimentaire capable de se hisser au niveau des marchés internationaux, les propriétaires des huileries se sont, avant le début de la saison, accordé une augmentation des tarifs. La trituration est désormais facturée à 500 DA pour un quintal.Paradoxalement, la loi imposée aux agriculteurs oblige les moins aisés à payer plus cher. Pour 100 kg d'olives triturées, le citoyen paie 500 DA. Vraisemblablement, ceux qui peuvent payer le font sans rechigner. Mais à ceux qui n'ont pas les moyens financiers, les propriétaires des huileries proposent de régler la facture en quantité d'huile. Mais bizarrement, le citoyen qui choisit de payer en huile, est sommé de laisser un litre et demi pour 100 kg d'olives triturées. Un simple calcul fait ressortir que c'est un marché de dupes qui est proposé. Sachant que le litre d'huile revient à 500 DA, il s‘avère qu'un litre et demi coûte 750 DA. Payer en argent, pour ceux qui le peuvent, coûte donc 500 DA alors que ceux qui n'ont pas les moyens financiers paient 750 DA. C'est une logique où le moins aisé paie plus cher. Ce n'est pas l'unique faille qui est constatée durant la phase de trituration. Les agriculteurs avisés ont, après des années, constaté que les huileries ne sont pas équipées de raffineries. Ces dernières devant servir à baisser le taux d'acidité ne se trouvent pas parmi les équipements achetés. Ce manque est derrière l'impossibilité d'introduire l'huile d'olive de la région dans les circuits commerciaux nationaux et internationaux qui, eux, exigent un taux d'acidité égale ou inférieure à 1%. A côté de cette faille, il est aussi à relever la persistance des techniques traditionnelles de cueillette qui jouent un rôle important dans le maintien du taux d'acidité trop élevé. Enfin, il est à signaler que les efforts consentis par les pouvoirs publics et les services concernés devraient être accompagnés de campagnes de sensibilisation de proximité. Relever les doléances des agriculteurs est une manière aussi de les aider et les inciter à suivre les consignes de cueillette.