La rumeur, arme redoutable en politique, y a, jusque-là, fait son travail. A Hydra, ça craint pour la démocratie. L'actuel maire, M.Farah Nacer, serait exposé au risque d'une destitution irrégulière de son présent poste légitime. En fait, c'est là une rumeur qui court dans toute la commune d'Hydra. Une rumeur qui prend de plus en plus les contours d'une réalité. Car à Hydra, où le mettre carré de terrain coûte plus de 100.000 DA, un mandat politique suscite toutes les convoitises, voire toutes les tentations imaginables. La rumeur, arme redoutable en politique, a, jusque-là, fait son travail à Hydra. Puisque, hier, les citoyens de cette commune ont observé un sit-in près de leur APC pour réclamer leur maire. Celui pour qui ils ont voté un certain 10 octobre. Pourtant, tout paraît normal dans la gestion des affaires quotidiennes de cette cité. Les documents administratifs demandés par les citoyens portent la griffe du maire. Ce dernier, après avoir remis la signature spécimen à son secrétaire général, jouit même des véhicules et bureaux de service. Mais le doute plane toujours. Certaines preuves plaident en faveur de la magouille et d'un jeu de coulisses sans précédent. Désirant en savoir plus pour infirmer ou confirmer cette rumeur, nous nous sommes présentés à l'APC d'Hydra. Les responsables locaux y sont muets comme une carpe. Et un silence coupable plane sur l'hôtel de ville. Le PV d'installation de ce maire serait-il à ce point équivoque? Or les citoyens, les élus et les militants FLN se rappellent, eux, l'installation de M.Nacer Farah par le wali après délibération des cinq membres de l'exécutif. Ce fut le 16 octobre dernier devant une assistance avoisinant les 200 personnes. Ainsi, la thèse d'un lobbying occulte et acharné en faveur d'un nouveau poulain est de plus en plus brandie, car seul un clan puissant au sein des hautes sphères du parti pourrait se permettre le luxe de faire une entorse à l'article 48 du Code communal, à la faveur duquel M.Farah avait été nommé à la tête de l'exécutif de cette ville. Et la population, désabusée, mais qui estime que M.Farah est toujours maire jusqu'à preuve du contraire, parle de plus en plus de trahison de la confiance populaire. Cette rumeur pourrait même ruiner le credo du parti FLN consacré par des slogans tels que «La transparence et l'honnêteté sont votre devise» ou «Le FLN, un parti proche des citoyens». Dans cette affaire, des sources n'écartent pas un chantage à Benflis. Vu que l'ampleur de la pression psychologique suscitée fait que le commun des mortels n'arrive pas à distinguer entre l'officiel et l'officieux. Ce qui laisserait supposer une guerre de clans sans merci dont l'enjeu serait de «placer des protégés» à la tête d'APC stratégiques. C'est dans cet ordre d'idées que certains indices parlent d'eux-mêmes, ainsi avant les élections, M.Farah était déjà tête de liste sur avis de deux commissions et de 17 élus, dont une copie jointe des 17 élus FLN. Néanmoins, le dernier jour (le 9 octobre) à minuit, la liste connut un changement sournois. Les 17 candidats FLN ont fait un pacte avant les élections pour que Nacer Farah soit maire d'Hydra. Par la suite, et sur les cinq élus FLN, deux trahisons du pacte eurent lieu. D'autres sources parlent d'un porte-à-porte clandestin obligeant certains élus à signer dans l'opacité totale des documents, en vue de faire pencher la balance du côté du «protégé». D'autres militants disent avoir été témoins d'un échange furtif de quelques «louches» correspondances. Allusion faite à cette lettre remise par un haut responsable du parti à travers la vitre d'une voiture à un haut représentant de l'administration algéroise. Une missive mettant en jeu directement le sort de l'APC d'Hydra, affirme-t-on. En attendant, la société civile d'Hydra serait au bord de l'explosion. Les militants FLN rencontrés dans les rues de ce quartier huppé de la capitale disent: «Nous ne garantissons rien». Les loubards du FLN seraient de retour, fait-on savoir.