Le président sahraoui est prêt à recevoir la presse internationale dans les territoires libérés et invite le Maroc à en faire de même dans les territoires annexés pour apporter la lumière sur ce qui se passe réellement au Sahara occidental. Le secrétaire général du Front Polisario crève l'abcès. «Nous vous invitons, en tant que journalistes, intellectuels, faiseurs d'opinions, à venir quand vous voulez, visiter en toute liberté, les zones libérées de la Rasd pour voir de visu ce qui s'y passe et demandons aux autorités marocaines de vous autoriser et d'autoriser d'autres journalistes à en faire autant dans les zones occupées pour faire la différence entre la propagande marocaine et la réalité sur le terrain», a déclaré Mohamed Abdelaziz dans une interview publiée vendredi par le journal Nouakchott Info. Dans un entretien qu'il a accordé à Alger aux correspondants des journaux mauritaniens, Nouakchott Info, ani.mr, alakhbar.info et au journal italien, Il Manifesto, le président sahraoui a mis à nu la propagande initiée par le pouvoir marocain. Véhiculée et donnée en pâture aux médias, cette stratégie diabolique a pour objectif de faire croire à l'existence de connexions entre le Front Polisario et la branche d'Al Qaîda au Maghreb comme elle tend aussi à trouver des liens entre le Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro et les réseaux mafieux spécialisés dans le trafic de drogue. Cette tactique impute également l'échec des négociations, pour mettre fin au conflit du Sahara occidental, aux représentants de la cause sahraouie. Une salade de macédoine! «L'arrestation par les forces de sécurité maliennes, jeudi, de six trafiquants de drogue internationaux, issus des rangs du «Polisario», confirme le basculement de celui-ci dans le trafic des stupéfiants en relation avec les activités de l'organisation terroriste Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a étendu ses tentacules jusque dans la région du Sahel», avait écrit l'agence officielle de presse marocaine MAP dans une dépêche datée du 11/12/2010. Soit à moins d'une semaine de la tenue de la quatrième rencontre informelle entre le Maroc et le Polisario qui s'est déroulée entre le 16 et le 18 décembre à Manhasset aux Etats-Unis. La manoeuvre est machiavélique. Il est pourtant de notoriété publique que sur le plan du trafic de stupéfiants, le Maroc est vraiment mal placé pour en parler. Le Royaume chérifien est en effet, le premier producteur mondial de résine de cannabis. Il alimente près de 80% du marché européen. L'hôpital qui se moquerait de la charité? Le président de la République sahraouie remet les pendules à l'heure. «C'est un pays (le Maroc, Ndlr) qui est considéré parmi les plus anciens pays producteurs de drogue, en particulier le haschisch qu'il exporte partout surtout, vers l'Europe via la mer, l'Algérie, le Sahara occidental, la Mauritanie via l'océan et le Sahara désertique et c'est pourquoi il y a des bandes spécialisées dans le trafic de cette drogue qu'est le haschisch», a souligné Mohamed Abdelaziz au journaliste mauritanien de Nouakchott Info. Quant aux négociations qui tournent en rond depuis plus de trois ans, le secrétaire général du Front Polisario a tenu à préciser que «le 10 avril 2007, nous avons avancé une proposition aux Nations unies qui l'a présentée à son tour au Maroc. Trois jours plus tard, le Maroc a fait sa propre proposition et depuis, il y a sur la table des négociations deux propositions, la nôtre et celle du Maroc en plus de la recommandation du Conseil de sécurité qui définit la mission de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU qui est de trouver une solution garantissant au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination. L'avantage de la proposition sahraouie, et çà c'est très important, est qu'elle ne rejette pas la proposition marocaine et ne la néglige pas, mais plutôt l'inclut». Une déclaration sous forme de mise au point qui met à nu la campagne mensongère du Maroc qui consiste à faire croire que le Polisario a une position figée sur la question du Sahara occidental. «Il était patent que l'autre partie se complait dans le statu quo en prenant à la légère les conséquences fâcheuses de cette situation inadmissible et porteuse de dangers sécuritaires potentiels pour les cinq pays maghrébins...», a déclaré jeudi dernier, Taieb Fassi Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères. La sournoiserie est gravée au fer rouge sur le front de la diplomatie marocaine.