Boumediene a organisé des attaques d'envergure au moment des Accords d'Evian et a pris les photos du matériel militaire français récupéré. Le rôle de l'ancien président algérien, Houari Boumediene au sein de l'ALN a été raconté hier, à l'occasion du 32e anniversaire de sa disparition, par l'ancien colonel Si Ramdani et l'ancien officier de l'ALN, Abderrazak Bouhara, au Forum d'El Moudjahid. Organisé par l'association Michaâl Echahid, cette rencontre a été une occasion pour les conférenciers de souligner les qualités militaires et politiques de l'homme du 19 juin 1965. D'emblée, l'ancien colonel Si Ramdani a considéré que Boumediene, décédé le 27 décembre 1978, était un martyr de la construction de la nation algérienne. «S'il n'était pas martyr de la guerre de Libération nationale, je pense qu'il était martyr de la construction nationale», a-t-il déclaré. Dans son intervention, Si Ramdani a retracé la biographie de Mohamed Boukharrouba qui a présidé l'Algérie durant treize ans sous le pseudonyme de Houari Boumediene (1965-1978). Il a insisté sur l'épisode de la crise du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) et du Comité de coordination et d'exécution (CCE). Période durant laquelle Boumediene avait été désigné comme chef du tribunal militaire et chef d'état-major de l'ALN. En 1957, Boumediene fut nommé à la tête de la Wilaya V, historique (Oranie).«Du haut de toutes ses fonctions, il voyait tout ce qui concerne la Révolution avec tous ses hauts et ses bas», a ajouté le conférencier. Durant la période où les wilayas à l'intérieur souffraient du manque d'armement à cause des lignes Morice et Challe et que leurs chefs s'en plaignaient publiquement, Boumediene, a précisé Si Ramdani, «a instruit les soldats de multiplier les attaques contre ces lignes pour desserrer l'étau sur l'intérieur». Parallèlement à ces actions, Boumediene s'était attelé à la formation des cadres de l'armée notamment ceux des unités aux frontières.«Il a réussi à organiser les unités qui étaient installées au niveau des frontières», a précisé Bouhara. L'ancien lieutenant-colonel a ajouté que Boumediene a organisé des attaques d'envergure au moment des Accords d'Evian et a pris des photos du matériel militaire français récupéré. «Il a envoyé ces photos aux négociateurs d'Evian ce qui leur a donné un fort appui», a-t-il soutenu. Après l'Indépendance, Boumediene a pris les rênes du ministère de la Défense avant de renverser Ben Bella et devenir président de la République le 19 juin 1965. Pour sa part, l'ancien officier de l'ALN, Abderrazak Bouhara est revenu sur la mutation de l'ALN en ANP (Armée nationale populaire). Bouhara est remonté jusqu'au contexte de la construction de l'ALN de 1954 à 1962, année du changement de l'appellation. Il a déclaré qu'au déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954, la France n'avait pas mesuré l'ampleur de la révolte. «Son objectif était de préserver l'ordre établi», a-t-il dit. Mais au fil des mois, le nombre des opérations ainsi que les effectifs de l'ALN ne cessaient d'être multipliées. Selon l'intervenant, l'ALN a mené 470 opérations le mois de septembre 1955 et 3 290 au mois de mars 1956. «Les premières opérations étaient limitées à certaines régions (...) mais la France s'était rendue compte de la transformation de la guerre qui est devenue totale et sur tout le territoire national», a expliqué Bouhara, ajoutant que le commandement politique et militaire issu du Congrès de la Soummam était parti sur le principe «le Mouvement insurrectionnel généralisé». «La population a adhéré à l'ALN qui s'est renforcée et la France était obligée de mobiliser plus de moyens. La guerre était généralisée», a renchéri le conférencier. Ce dernier a insisté sur l'aveu d'impuissance de De Gaulle avec son propos: «Nous avons gagné la guerre mais nous ne parvenons pas à la terminer.» L'adhésion de la population était de ce fait déterminant dans le changement de l'appellation de l'ALN, d'autant plus que «Boumediene était pour la révolution populaire». Le changement a été effectué, selon Bouhara, quelques jours après l'Indépendance. A souligner, enfin, que les présents ont regretté l'absence de débat à la fin des communications des deux invités de l'association Michaâl Echahid.