Renforcer les institutions de contrôle interne et les infrastructures de contrôle au niveau du ministère. La stratégie du département de l'énergie et des mines se penchera à partir de 2011 sur «la mobilisation des énergies renouvelables, l'exploitation de l'énorme potentiel en énergie solaire, éolienne et géothermique existant dans le pays», a fait savoir hier, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, à travers les ondes de la radio Chaîne III. «Utiliser le gaz naturel pour produire de l'électricité n'est ni rationnel ni économique. Nous avons même envisagé d'exploiter les anciennes mines de charbon», a-t-il appuyé. En rappelant que «l'Algérien consomme 1100 KW par année, soit dix fois plus que ce qu'il consommait à l'Indépendance. La production de l'électricité va doubler tous les dix ans». Ainsi, selon le ministre «le projet-programme portant la stratégie qui sera adoptée pour l'exploitation des énergies nouvelles et renouvelables sera présenté pour examen demain devant le Conseil du gouvernement». «Ce projet ambitieux qui porte sur les 20 prochaines années est le résultat du travail de réflexion sur un certain nombre de mois sur ce que nous pouvons faire sur les énergies renouvelables», a-t-il précisé. L'objectif assigné à ce projet «consiste à produire l'équivalent de 40% de nos besoins en électricité à partir d'énergie solaire et éolienne», a-t-il ajouté. «Nous comptons commencer cette année, soit dès l'approbation du projet de programme par le gouvernement. Il est prévu de le faire en 3 phases: la première de deux à trois ans sera consacrée à l'expérimentation de toutes les techniques et technologies qui existent et de voir laquelle s'adaptera le mieux à notre environnement et nos conditions locales et préparer le terrain pour la fabrication des équipements. La seconde étape serait vouée à la construction des infrastructures nécessaires et les équipements. Ensuite, viendra le lancement des projets à très grande échelle dans tout le pays», a-t-il expliqué. 60 projets en énergie renouvelable Dans ce contexte le ministre souligne que «d'ici 2020 il y aura une soixantaine de projets qui seront présentés au gouvernement et ceci nécessite, bien entendu, une aide conséquente et un soutien de l'Etat et la mobilisation du secteur industriel public et privé, ainsi que la communauté scientifique», a-t-il poursuivi. Tout en rappelant que «le potentiel existant actuellement n'excède pas 2%, représentant essentiellement l'électricité d'origine hydraulique et les expériences que nous avons entamées au Sud». L'invité de la radio explique que «la soixantaine de projets devront nous permettre de produire quelque chose comme 2500 et 3000 MW». Il est prévu également, indique-t-il «d'exporter d'ici 2020 l'équivalent de 2000 MW en partenariat avec des acheteurs particulièrement européens. Pour peu qu'il y ait des partenaires pour produire et exporter de l'électricité, nous pourrons arriver à exporter 2000 MW d'ici 2020 et peut-être plus de 10.000 MW en 2030». Cependant aujourd'hui, «le coût de l'électricité à partir de l'énergie renouvelable coûte beaucoup plus cher que le prix subventionné que nous payons à Sonelgaz», précise-t-il. A propos justement de l'augmentation des prix de l'électricité, le ministre a déclaré au micro de la radio qu'«il appartient au gouvernement de décider de maintenir ou non la subvention à ce prix». Celui-ci pourrait être «revu à la hausse après l'intégration de l'énergie renouvelable pour laquelle le citoyen doit participer». Par ailleurs, Youcef Yousfi cite, dans ce cadre, «une soixantaine de projets et une usine de silicium pour fabriquer des cellules solaires qui sera prête en 2016. Cela permettra «de rattraper le retard accusé en sachant que la loi sur les énergies renouvelables a été promulguée en 2004», a-t-il poursuivi. De même que «les études pour la création de la toute première centrale nucléaire dans le pays, sont en cours. Mais il nous faut dix à quinze ans pour nous préparer», a-t-il signifié. Scandale de Sonatrach Les faits qui sont reprochés à un certain nombre de responsables sont «inadmissibles», a estimé hier, le ministre. En conséquence, poursuit-il «nous allons prendre toutes les mesures de manière à sécuriser le responsable. Il y a un certain nombre de déviations illégales que je regrette. Il y a aussi un certain nombre de mesures qui sont prises pour sécuriser davantage les responsables». Avant de citer dans ce sens «le code d'éthique que la Sonatrach a mis en place, ainsi que d'autres mesures en cours d'étude pour minimiser les risques de déviation». Nous allons être plus regardants, sur l'examen des appels, d'offres et la rédaction d'une manière fine du cahier des charges.» Dans le même ordre d'idées, l'invité de la radio fera savoir que «l'une des voies par laquelle se fait la malversation est bien entendu le cahier des charges». Renforcer les institutions de contrôle interne et les infrastructures de contrôle au niveau du ministère, sont autant de mesures prévues. «Il faut que chaque responsable qui dépense soit d'abord assuré que sa dépense est vérifiée. En matière de recrutement nous allons être très regardant également de façon à ce que la Sonatrach soit ouverte à l'ensemble des Algériens», a-t-il conclu. Le projet Desertec Au sujet du projet Desertec, Youcef Yousfi, le ministre de l'Energie et des Mines, a affirmé que l'Algérie n'a opté pour aucun programme international d'énergies renouvelables «Nous n'avons pas fait de choix, nous traçons d'abord notre programme, nous travaillerons ensuite avec l'ensemble des partenaires sur des projets qui peuvent entrer dans le cadre de la réalisation de notre programme. Mais d'abord, mobilisons nos forces et nos propres moyens», a précisé le ministre. Le ministre a, toutefois, tenu à souligner qu' «il ne s'agit pas d'un projet du gouvernement allemand, mais d'une idée d'industriel», et de conclure que l'Algérie est ouverte à tous les projets sans aucune exclusion pourvu que ceux-là cadrent avec les objectifs propres du pays. «Nous souhaitons investir avec nos partenaires et prendre les risques ensemble. Nous traçons d'abord notre programme et nous discuterons ensuite avec nos partenaires sans exclusion aucune», a-t-il indiqué. Le nucléaire Pour le moment, dira l'invité de la radio «nous continuons notre recherche pour voir quel est notre potentiel en uranium. Nous en avons largement pour alimenter nos centrales nucléaires dans le futur, mais nous continuons à faire le bilan de notre potentiel». Dans le domaine de l'or Sachant que l'Algérie est classée en 22e position en matière de potentiel en or, «le gouvernement a décidé d'octroyer une enveloppe de 800 millions de DA à l'Organisme de recherche géologique et minière (ORGM) dans l'objectif de reprendre, de façon dynamique, l'exploration minière et géologique», selon Youcef Yousfi. La stratégie en matière de gaz D'abord, affirme-t-il, «nous allons faire le bilan de nos ressources en gaz non conventionnel pour voir quel est notre potentiel réel. Des découvertes et l'exploitation des gaz à schiste ont induit un certain effet au niveau du marché européen et américain d'autant plus qu'avec la crise économique, il y avait la baisse de la consommation, donc de la demande, qui ont influé sur les exportations d'un certain nombre de pays». «Néanmoins, nous nous adaptons et ce n'est pas dramatique en ce qui concerne l'Algérie. Il n'y a pas un partenaire qui nous ait demandé la réduction de son quota pour l'instant. En somme, «c'est une situation conjoncturelle car la demande va reprendre», ajoute-t-il. Actuellement, révèle le ministre, «nous étudions deux projets de gazoducs supplémentaires vers l'Espagne et la Sardaigne (Italie). Et concernant le pétrole et le gaz, l'invité de la radio parle d'«accroissement des réserves en hydrocarbures pour assurer la sécurité énergétique du pays à travers le renforcement de l'exploration». Et, d'ajouter: «En 2011, nous allons accroître l'exploration à plus de 40% par rapport à 2010. Au cours de l'année 2010, nous avons fait 24 découvertes. Et pour 2012 et 2013, nous allons augmenter davantage l'effort d'exploration. Nous sommes dans la phase préparatoire pour l'exploration en offshore pour s'intéresser au potentiel en mer et au nord du pays.» 55,7 milliards de dollars de recettes «L'Algérie a achevé l'année 2010 avec 55,7 milliards de dollars de recettes, pas 57 milliards comme annoncé précédemment», a affirmé le ministre. «Des recettes qui ont augmenté de 25% par rapport à 2009. La part des partenaires étrangers est importante en matière de production de pétrole avec un taux de 50% mais, elle est de 6% en matière de valeur des exportations», a-t-il précisé. «Nous produisons 52 millions de tonnes de produits raffinés et nous allons lancer un grand programme en la matière pour doubler nos capacités de raffinage d'ici 10 à 15 ans», a-t-il encore soutenu dans son propos conclusif.