Jusqu'à hier, des manifestants ont dû être repoussés par les forces de l'ordre à coups de bombes lacrymogènes. L'on a dû, cette fois, mieux protéger les sites chinois de construction! Les localités est-algéroises, telles la Cité Faïzi ou quartier Ben Merad, Dergana, Kahwet Chergui, la Terre familiale, Bordj El Bahri (ex Cap-Matifou) Haouch Ermal, Rouiba, Aïn Taya et Heuraoua ont connu de violentes émeutes, ce week-end. Des jeunes et des moins jeunes mais également des mineurs, encagoulés ou à visage découvert, ont embrasé toutes ces localités de l'est algérois. Les premiers foyers de «tension» ont été signalés dès midi tapante, jeudi dernier. Même si les manifestations ont eu pour motif premier la révolte contre la hausse de l'huile et du sucre, elles ont vite dérapé pour prendre l'allure de pillages et d'actes de vandalisme organisés. Ainsi, au lieudit Haouche Ermal, des chantiers chinois de construction de logement ont fait les frais de ces graves dérives. A cet endroit dans l'un de ces chantiers, les baraquements des ouvriers chinois ont été carrément incendiés. Les chalets, qui servaient de lieux d'hébergement à ces maçons venus construire des maisons qu'ils n'habiteront jamais, ont été réduits à un amas de tôles calcinées. Alors que dans un autre chantier, et en dépit des tirs de sommation des agents de sécurité armés de fusils à pompe, les assaillants ont pu forcer le portail après avoir passé à tabac un agent chinois, pour s'emparer ensuite d'un butin composé de télévisions, d'ordinateurs, et autres victuailles devant servir pour le quotidien de ces ouvriers, qui poursuivaient impassiblement leur labeur, en dépit du tapage régnant. En fin d'après-midi, les barricades constituées de bois mort, de barres métalliques et de pneus brûlés rendaient la circulation automobile impossible. Vendredi, et immédiatement après la prière, les manifestants se sont donné le mot pour reprendre leur mouvement. Ni le blocage des Sms par les différents opérateurs, ni la possible intervention des hommes en uniforme ne les ont dissuadés de menacer de plus belle leurs cibles, à savoir les chantiers de la Citic ou société chinoise de construction. Cependant, cette fois, les gendarmes casqués ont pris de court les manifestants en les dissuadant d'approcher leurs cibles à coups de bombes lacrymogènes. L'on a dû, cette fois, mieux protéger les sites chinois de construction! A Dergana, l'on s'est réveillé vendredi, sur un lourd bilan. En effet, l'usine de fabrication de tapis Fanotis, d'une superficie de près de 1000 m², a été entièrement détruite par les flammes, et ses produits pillés dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon des témoins présents sur place, des outils de production de grande valeur ont été emportés par les pillards nocturnes. Un camion Toyota parqué dans l'enceinte de cette unité de production qui exporterait ses articles jusqu'en Allemagne, aurait également été volé à la faveur de la grande panique. Pour mieux mener à bien leur besogne, les contestataires ont dû abattre des pylônes électriques et des poteaux portant sur leurs faits des caméras de surveillance, installées de longue date par les services de sécurité. A Bordj El Bahri, la concession Renault a miraculeusement échappé à la colère qui a fusé comme un torrent. Toujours à Dergana, l'usine Flip, spécialisée dans les détergents a, de son coté, été dévastée. Le même sort a été réservé à la Maison de la culture de la même commune, et qui était sur le point d'être inaugurée par les autorités. Du côté de la cité Faïzi, le commissariat de police du quartier à été assiégé par les émeutiers jusque tard dans la nuit de jeudi. Enfin, plusieurs chalets ont été retrouvés calcinés, notamment à Bordj El Bahri, à El Marsa, et à Kahwet Chergui, alors qu'une banque à Cosider a vu son coffre subtilisé. Dans ce théâtre de désolation, les véhicules de la Protection civile évoluaient difficilement et ont même failli essuyer des tirs de cocktails Molotov.