Le président Jonathan, parvenu en mai dernier à la tête de cet important exportateur de pétrole, devient le principal favori pour la présidence après sa victoire de son parti aux primaires. Le chef de l'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud, part favori de la présidentielle d'avril après avoir remporté hier les primaires du parti au pouvoir sur son rival Atiku Abubakar, un musulman du Nord. Mais Atiku Abubakar, ancien ex-vice président, bien que largement battu par 2.736 voix contre 805, devrait contester ces résultats, selon des proches et des experts. Les résultats du vote désignant «le vainqueur de cette élection primaire pour la présidentielle du Parti démocratique du peuple» (PDP), ont été proclamés hier matin à Abuja par un responsable du parti, Tunde Adeniran. Le PDP a remporté chaque élection présidentielle depuis le départ des militaires et le retour au pouvoir civil dans le pays le plus peuplé d'Afrique (150 millions) en 1999. Le président Jonathan, parvenu en mai dernier à la tête de cet important exportateur de pétrole, était donné favori des primaires, mais des divisions sont apparues au sein du parti. Certains responsables ont estimé que ce chrétien du Sud de 53 ans, devrait renoncer à sa candidature au profit de son rival, un musulman du Nord de 64 ans, pour respecter l'alternance entre le Nord et le Sud du Nigeria qui a lieu traditionnellement tous les huit ans. D'autres soulignent que Goodluck Jonathan, alors vice-président, n'a dû ses fonctions en 2010 qu'à la mort de maladie de son prédécesseur Umaru Yar'Adua, un Nordiste qui n'en était qu'à son premier mandat. Pour son camp, un homme du Nord devrait pouvoir effectuer un second mandat complet. Cet arrangement entre le Nord et le Sud a certes permis d'atténuer les divisions ethniques, religieuses et sociales dans un pays qui compte 250 ethnies pour plus de 150 millions d'habitants. Celles-ci se traduisent cependant régulièrement par des violences meurtrières. Mais cette règle informelle au sein du PDP semble avoir vécu avec le scrutin des primaires. Les bulletins ont été comptabilisés en public et les résultats ont été annoncés pour chaque Etat du pays sur Eagle Square, dans la capitale fédérale. Pourtant, M.Abubakar devrait contester le scrutin: «Rien n'indique que les délégués ont pu vraiment exprimer leur choix», a déclaré un porte-parole du candidat perdant, Shehu Garba, parlant d'intimidation et d'un mode de vote indiquant trop clairement qui avait voté pour qui dans chacun des 36 Etats fédérés. Le chef du parti d'opposition National Action Council, Olapade Agoro, a lui aussi estimé que la primaire du PDP «avait été manipulée et ne tiendrait pas quand Abubakar la contestera en justice». Les partisans de Goodluck Jonathan dans le Sud ont comme prévu exprimé leur satisfaction. «C'est la victoire de justice et de l'égalité, montrant que tout Nigérian peut arriver à la magistrature suprême quelle que soit sa tribu et sa religion», a ainsi estimé Joseph Eva, analyste politique dans la région. Mais il s'est inquiété que M.Abubakar n'ait pas félicité le vainqueur. Solomon Banigo, conseiller du gouverneur de Bayelsa, Etat pétrolier d'où est originaire M.Jonathan, a recommandé au président sortant de ne pas se laisser gagner par l'euphorie et de faire en sorte que «les Nigérians de toute origine profitent des bénéfices de la démocratie: l'électricité, l'emploi et des avantages sociaux». Si le sortant part favori, les élections d'avril seront parmi les plus ouvertes de ces dernières décennies, surtout si l'opposition parvient à s'unir, selon les experts.