Les activités de la 2e édition de cette manifestation se sont poursuivies, jeudi à Tamanrasset, par la présentation d'une série de conférences liées à la préservation du patrimoine immatériel targui. Mme Fouzia Belhachemi, chercheur et professeur d'anthropologie à l'université Paris VIIIe, a évoqué, dans une conférence intitulée «L'anthro-pologie des techniques: protection du patrimoine et la médiation culturelle», l'ancrage profond de l'histoire de la région de l'Ahaggar, à la lumière de la richesse des sources anciennes et de la diversité des traditions orales. Cela s'est reflété à travers le legs par les populations locales du patrimoine culturel matériel et immatériel et sa préservation d'une génération à une autre, par des voies de transmission appropriées, et qu'il appartient aujourd'hui de préserver, a-t-elle expliqué. Spécialiste en anthropologie sociale et ethnologie à l'Ecole des études supérieures des sciences sociales de Paris, le Dr Amalia Dragani a, dans une conférence intitulée: «Les poètes targuis: une approche historique partielle et méthodes ethno-biographiques», mis en avant une série d'informations acquises à la faveur de visites de terrain effectuées entre 2005 et 2007, dans un cadre scientifique, dans la région de l'Air (Niger) et en 2010 dans celle de l'Ahaggar. Dans son analyse de la personnalité sociale du poète targui et les influences l'ayant marquée au cours de sa carrière poétique, l'universitaire a recouru à l'approche de l'histoire culturelle partielle de Carlo Ginzburg à travers l'environnement, la peur et sa vie individuelle, en société, et la présence de l'esthétique. Elle a également traité la question du legs et de la transmission orale de la poésie (de père en fils), ainsi que le phénomène de la musique targuie liée à la guitare et le dessin targui. Pour sa part, une autre anthropologue, Belaâlimat Nadia, a mis en relief dans son intervention sur «Les traditions du chant Lassouat», un genre lyrique exprimé en chorale, qui est marqué par une intimité confinée aux jeunes célibataires, glorifiant l'amour et la bravoure des jeunes des tribus touarègues. Elle a aussi présenté des extraits de chants Lassouat, accompagnés de leur traduction, qui ont été appréciés par le public présent à la salle Dassine de la Maison de la culture de Tamanrasset. Dans une communication sur «L'expérience culturale de la femme targuie dans la région du Tassili N'Ajjer», M.Badi Dida, chercheur en patrimoine, a mis en exergue l'activité agricole développée par les Targuis établis dans la région du Tassili (Illizi et Djanet). Une activité, a-t-il dit, exercée par la femme targuie depuis des milliers d'années et léguée de génération en génération, tandis que l'homme s'occupe d'autres missions. Les différentes conférences animées au cours de cette journée ont été suivies avec attention par le public, composé notamment de chercheurs en patrimoine culturel et d'opérateurs touristiques qui ont, de leur côté, enrichi le débat par leurs interventions. Le 2e Festival international des arts de l'Ahaggar, dont le coup d'envoi a été donné mardi dernier, vise la valorisation du patrimoine immatériel ancestral de la région. Dans le cadre de ce festival, sont prévus aussi des campements de tentes traditionnelles, à Abalessa et Aguenar, pour valoriser les activités culturelles et folkloriques ancestrales des populations de la région et leur savoir-faire en matière d'artisanat traditionnel. Des ateliers sont aussi programmés durant ce Festival et sont consacrés à l'enseignement, aux enfants, à la langue tifinaghe, aux sciences de l'astronomie et aux contes. Les lauréats du concours «Contes et Légendes», qui a déjà reçu quelque 70 candidatures, en langues arabe, française et amazighe, seront connus à l'issue de ce rendez-vous culturel international qui doit s'achever lundi prochain.