Les Algériens sont conscients que cette campagne anti-Khalifa obéit à des enjeux stratégiques. (Suite de la page 1) Et pourtant, depuis un mois que cette campagne de dénigrement bat son plein à Paris, aucune institution n'a apporté jusqu'ici les pièces à conviction attestant que l'Algérien est un «malfrat», comme les parrains de cette opération souhaiteraient le prouver. Chiche! Démontrez donc que cet argent est blanchi ou qu'il provient des ventes de pavot ou de cette Arlésienne de banque de nos généraux! Les Algériens sont conscients que cette campagne anti-Khalifa obéit à des enjeux stratégiques. Elle puise sa raison d'être dans le fait même, aujourd'hui, admis par tous à Alger tant dans les milieux officiels que par l'opinion, qu'elle a été planifiée aussi bien à Rabat qu'à Paris où Abdelmoumen Khalifa n'a pas cessé d'attiser de nombreuses convoitises après sa fulgurante percée avec le lancement successif de deux chaînes de télévision, l'une à Paris et l'autre à Londres. Si avant la naissance de ces deux télés, l'on s'était bien arrangé à choyer quelquefois le jeune Khalifa dans le microcosme parisien avec tout ce que celui-ci compte d'influence dans les milieux d'affaires et politiques, le ton va vite changer aussitôt après la naissance, en France, de Khalifa Télévision, première chaîne algérienne, franco-arabe. L'indignation de ses détracteurs est à son comble de voir un Arabe conquérir, à sa manière, le Paysage de l'audiovisuel français (PAF). Pour abattre plus vite l'homme d'affaires algérien et fouler son cadavre, l'on n'a pas hésité à sortir la grosse artillerie, à inventer et à faire circuler des histoires inimaginables tant sur sa vie privée que sur l'origine des fonds de son groupe. Avec quelle malveillance, faut-il le relever, cette guerre contre Khalifa a coïncidé avec un événement historique pourtant majeur dans les relations algéro-françaises, celui de la présence de Bouteflika, au Sommet de la francophonie à Beyrouth, mais aussi à quelques semaines du coup d'envoi de l'Année de l'Algérie en France. Conçue pourtant comme un espace de rapprochement entre la France et le Maghreb, mais aussi d'échange et de débat entre nos élites pour exorciser les séquelles d'un lourd passé colonial, voilà que Khalifa Télévision, dès ses premiers balbutiements, concentre sur elle la haine de tous les envieux y compris de la part de milieux officieux. Pourquoi donc cette hostilité contre un représentant qui incarne l'esprit conquérant de la nouvelle génération algérienne, et qui ne nourrit, à l'égard de la France, que des sentiments d'amitié et de loyauté? Pourquoi la DST puis la Dgse, avec une synchronisation déconcertante, ont instruit des journalistes pour annoncer, en fanfare, que des enquêtes ont été initiées par leurs services contre Abdelmoumen Khalifa, dévalorisant son image pour le ramener aux proportions d'un vulgaire caïd de Belleville ou du boss du cartel de Medellin? Après avoir tant glosé sur Khalifa et sur les généraux algériens présentés à dessein comme de minables soudards corrompus, voilà que l'on franchit allègrement le Rubicon pour signifier aux Algériens que leur «francophonie» n'exorcisera pas le souvenir d'un passé que l'on croyait naïvement à jamais révolu...mais aussi que l'on restait attaché au seul stéréotype admis dans la société française, celui de l'Algérien marchand de tapis. La France ne veut décidément pas tourner la page de la Guerre d'Algérie. Adulé par la jeunesse algérienne, Abdelmoumen Khalifa en est devenu son symbole, sa véritable incarnation, celle du défi, de la libre entreprise et de l'ambition. Il est sûr que lorsque M.Mohamed Raouraoua, coprésident de l'Année de l'Algérie en France, sera reçu dans une semaine par M.Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, il lui dira toute l'amertume que ressentent aujourd'hui les Algériens à voir un de leurs dignes compatriotes devenir la cible d'attaques malveillantes de ceux qui persistent encore à s'ériger en obstacle majeur aux retrouvailles algéro-françaises.