Des observateurs redoutent le péril islamiste dans un pays politiquement ruiné et dont l'opposition laïque est faible. Les Etats-Unis d'Amérique surveillent de très près la situation en Tunisie et se disent déterminés à empêcher les extrémismes. «Nous ne voulons que des parties extrémistes tirent profit de cette situation» a expliqué hier, le conseiller principal du président des Etats-Unis, Barack Obama, pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste, John Brennan, lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Une déclaration qui se veut une mise en garde à «des apprentis sorciers» qui seraient tentés d'exploiter le chaos en Tunisie pour instaurer un régime extrémiste. L'allusion était claire, il s'agissait de l'extrémisme islamiste qui avait fait son nid en Algérie au lendemain de l'ouverture démocratique au début des années 1990. Interrogé si l'administration Obama soutiendrait un président d'obédience islamiste qui serait éventuellement élu lors de la future élection présidentielle tunisienne, le responsable américain a refusé «de se lancer dans des hypothèses d'école» affirmant que son pays est prêt à assister le gouvernement tunisien pour organiser rapidement des élections libres qui reflèteraient la volonté du peuple. «Nous soutenons fermement les aspirations du peuple tunisien. Nous sommes prêts à porter assistance au gouvernement tunisien pour tenir des élections justes et libres dans un futur proche, élections qui reflèteraient les véritables aspirations et la volonté du peuple tunisien», a ajouté le même responsable. Des tractations politiques serrées ont été engagées et abouti à la formation hier, d'un gouvernement de transition en Tunisie après la fuite de l'ex- président Ben Ali, vendredi dernier. Des observateurs et des commentateurs politiques jugent aléatoire une transition démocratique dans un pays politiquement ruiné et dont l'opposition laïque est faible. Aussi, ils redoutent une implantation de l'extrémisme religieux dans cette contrée du Maghreb jusque-là préservée du péril islamiste. En exil doré à Londres depuis 1989, le chef du parti islamiste Ennahda Rached Ghannouchi, met déjà, en avant son statut de plus grande victime du régime dictatorial de Ben Ali. M.Ghannouchi a annoncé son retour au pays pour «bâtir un Etat de droit». Un retour très attendu en Tunisie.«Nous applaudissons le courage et la dignité du peuple tunisien. Nous exhortons toutes les parties à maintenir le calme et à éviter la violence», a encore affirmé le responsable américain. Good job des services de sécurité algériens La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait affirmé, dimanche dans un communiqué, que les Etats-Unis étaient «rassurés» par les récentes promesses d'ouverture formulées par le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi et le président par intérim, Foued Mebazaa. Soulignant que la coopération sécuritaire entre les deux pays est «forte», l'envoyé du président américain à Alger n'a pas tari d'éloges sur les services de sécurité algériens et le travail effectué par ces mêmes services dans la lutte contre le terrorisme. M.Brenann a rappelé que les deux peuples, algérien et américain, ont connu «la douleur et souffert de la lâcheté des attaques terroristes». «Les deux peuples en sont sortis encore plus forts de ces événements et partagent une certaine expérience, d'où leur rapprochement pour se concentrer dans leur lutte contre le terrorisme et ce, en plus d'une coopération dans les autres domaines», a ajouté le responsable américain. Dans ce sens, M.Brenann a indiqué qu'il a remis une lettre du président Obama au président Bouteflika. Dans sa missive, le président américain a relevé les «efforts de l'Algérie et sa coopération dans la lutte contre Al Qaîda et ses affiliés», réitérant que le peuple américain reste aux côtés du peuple algérien dans cette lutte commune, relevant que les Etats-Unis «tirent les enseignements de l'expérience de l'Algérie qui a su affronter avec succès le terrorisme». Pas de paiement de rançons aux terroristes S'alignant totalement sur un principe défendu par l'Algérie, le conseiller du président Obama a rappelé avec force que le gouvernement américain rejette catégoriquement le paiement de rançons à des terroristes. «Le gouvernement américain rejette catégoriquement le paiement de rançons à des terroristes et exprime sa solidarité avec l'Algérie» à cet égard. Evoquant la région du Sahel, il a affirmé que l'Administration Obama est «déterminée à traquer les terroristes pour les présenter devant la justice». Au sujet de l'intervention des forces spéciales françaises dans la région suite à la prise d'otages français par des terroristes, le conseiller principal du président Obama a estimé que «le gouvernement français a la responsabilité de protéger ses citoyens». Il n'a ni condamné ni approuvé cette action préférant substituer au terme «intervention», une autre terminologie qui est celle de «partenariat». Il est à noter que c'est la première fois qu'un responsable américain commente- même indirectement- l'intervention française au Sahel. Cela étant, M.Brenann a insisté sur le «partenariat» avec l'Algérie et les pays de la région. «Le gouvernement américain appuie les gouvernements et les peuples de la région du Sahel dans leur lutte contre le terrorisme», a-t-il dit, notant que les Etats-Unis sont «disposés et déterminés à coopérer dans ce volet pour renforcer les capacités de lutte de ces pays tout en respectant leur souveraineté». «C'est la raison pour laquelle j'effectue cette visite en Algérie, il s'agit pour nous de renforcer davantage le dialogue.» Le conseiller du président Obama a promis que «la lutte se poursuivra jusqu'à l'anéantissement d'Al Qaîda».