C'est à un véritable tir groupé que s'est livré le gouvernement Zapatero pour remettre en cause la tenue d'un référendum au Sahara occidental. La diplomatie espagnole a ouvert le feu à la veille de la tenue de la 5e session des pourparlers informels entre le Maroc et le Front Polisario. «Il faut être conscient de la difficulté de la tenue d'un référendum comme voie pour la résolution de ce contentieux, comme c'est le cas dans d'autres conflits dans d'autres parties du monde», a déclaré jeudi dernier la ministre espagnole des Affaires étrangères sur les ondes de radio «Cope»-une des principales stations de Radio d'Espagne. Comment en est-elle arrivée à une telle conclusion? «Le Polisario, lui-même, reconnaît le caractère complexe de la tenue de cette consultation, de même qu'il est dans l'incapacité de fournir un recensement», affirme sans sourciller Trinidad Jiménez García-Herrera. C'est à un véritable tir groupé que s‘est livré le gouvernement Zapatero pour remettre en cause la tenue d'un référendum au Sahara occidental. En effet, dans le sillage de ces déclarations, le ministre espagnol de la Présidence - un des hommes forts du gouvernement de José Luis Zapatero - a conseillé au Front Polisario de ne pas rejeter l'option d'autonomie au Sahara, proposée par le Maroc. «Si j'étais le président du Front Polisario, je ne rejetterais pas l'option d'autonomie, au lieu de passer 30 ans sous des tentes», a indiqué Ramon Jauregui dans une interview accordée à la version espagnole du magazine Vanity Fair, parue dans son numéro du mois de février 2011. Les propos tenus par le ministre espagnol sont d'une violence que seul le peuple sahraoui, qui subit une répression des plus féroces dans les territoires occupés ainsi que les militants des droits de l'homme sahraouis (torturés et violés) qui croupissent dans les geôles du Royaume alaouite, peuvent ressentir dans leur chair. «Le Polisario va devoir expliquer un jour aux Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf pourquoi l'autonomie ne lui plait pas», ajoute Ramon Jauregui comme pour enfoncer le couteau dans la plaie. La réplique du Front Polisario a été cinglante et a remis à sa place les deux responsables espagnols. «La solution au conflit avec le Maroc passe par un référendum d'autodétermination dans lequel le peuple sahraoui pourrait décider librement de son avenir», a réaffirmé mercredi à Madrid, Le représentant du Front Polisario en Espagne. Buchraya Beyoun a vivement réagi aux déclarations de Ramon Jauregui. Sur un ton ironique, il s'est félicité de la chance du peuple sahraoui de ne pas avoir le ministre espagnol comme leader du Front Polisario. «Le gouvernement actuel de l'Espagne prouve, une fois encore, qu'il est du côté marocain», a ajouté le diplomate sahraoui pour conclure. Alors que Mohammed VI évoquait encore une fois l'ouverture des frontières terrestres avec l'Algérie lors de la tenue du 2e Sommet économique arabe, l'Espagne joue la carte marocaine pour mettre fin au conflit du Sahara occidental. «Il faut, en effet, écarter tout ostracisme et transcender toutes sortes de barrières artificielles, comme cela est le cas, hélas, dans la région du Maghreb arabe, notamment entre le Maroc et le pays frère, l'Algérie», a déclaré le souverain marocain dans un message adressé au 2e Sommet économique et social arabe - qui s'est tenu à Charm-El Cheikh en Egypte - lu en son nom par le Premier ministre marocain Abbas El Fassi. Le coup de starter fût donné. La diplomatie espagnole pouvait entrer en jeu pour conjurer le sort et tenter d'offrir sur un plateau en argent le Sahara occidental en échange de... Ceuta, Melilla et des Iles Jaâfarines. Le dernier mot reviendra au peuple sahraoui.