Les militaires, très populaires pour avoir refusé de tirer sur la foule, ont fait barrage entre protestataires et policiers. Des milliers de manifestants tunisiens ont exigé hier, sans faiblir, la démission du gouvernement de transition, notamment devant le siège du Premier ministre où des heurts limités ont eu lieu avec la police, alors que les instituteurs faisaient grève pour soutenir le mouvement. Les manifestants qui exigent depuis une semaine la démission du gouvernement d'union nationale, en raison de la présence controversée dans ses rangs de caciques de l'ancien régime Ben Ali, ont vu à nouveau leurs rangs grossir. De quelques centaines à l'aube, ils sont des de milliers - «entre 3 et 5000» selon un militaire - en début d'après-midi à protester sur l'esplanade de la Kasbah, près du palais où travaille le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi. «La Kasbah, c'est la Bastille de la Tunisie et on va la démonter, comme les sans-culottes français ont fait tomber la Bastille en 1789», promettait un manifestant. D'autres cortèges, auxquels se sont joints notamment des lycéens, ont défilé avenue Habib-Bourguiba, l'artère principale de la capitale. Tôt, près des bureaux du Premier ministre, à l'endroit où ont campé toute la nuit, malgré le couvre-feu, de jeunes ruraux arrivés la veille de la région de Sidi Bouzid, foyer de la «Révolution de jasmin», des heurts ont opposé la police à des groupes de manifestants. Un remaniement ministériel en Tunisie est imminent, «peut-être d'ici demain», a annoncé hier le porte-parole du gouvernement de transition et ministre de l'Education Taieb Baccouch, sans toutefois suggérer que tous les caciques de l'ex-équipe Ben Ali partiront, comme le réclame la rue.