Le ministre du Commerce envisage de relancer le Conseil de la concurrence qui souffre de blocage depuis sa création en 2003. Le ministre du Commerce a écarté l'existence de toute situation de monopole sur le marché algérien. «Il n'y a aucune situation de monopole mais juste une situation de dominance qui n'est pas interdite par la loi», a-t-il précisé lors de son passage, jeudi dernier, à la séance de questions orales tenue par l'APN. Cette déclaration est contredite par le dernier rapport du FMI sur l'Algérie, établi mercredi dernier. Dans celui-ci, le Fonds monétaire international a évoqé la situation de monopole. «Les autorités devraient promouvoir la concurrence dans le secteur de la distribution des produits alimentaires et éviter un comportement de potentiel monopole, qui pourrait avoir été l'un des facteurs de la récente flambée des prix», a estimé le chef de la mission du Fonds monétaire international à Alger, Joël Toujas-Bernaté, dans un entretien au magazine interne de l'organisation internationale IMF Survey. Le ministre continue d'exclure la piste de monopole même si la dernière flambée des prix de l'huile et du sucre a bien démontré son existence. L'Etat a dû multiplier ses actions et mettre en garde les opérateurs économiques pour faire baisser les prix. M.Benbada préfère plutôt parler de position dominante. Se voulant plus précis «lorsqu'un opérateur dépasse 45% de parts de marché on parle d'une position dominante. La loi interdit par contre l'abus dans l'utilisation d'une telle situation». «S'il y a lieu de constater un abus, ça doit être fait par les concurrents eux-mêmes qui doivent protester auprès du Conseil de la concurrence», a-t-il affirmé. Or, cette instance chargée de contrôler ce genre de situation n'a jamais fonctionné. Le ministre a reconnu lui-même l'absence de cet organisme. «Le conseil de la concurrence est un organisme malheureusement gelé actuellement», a-t-il déploré. Créé en 2003, ce conseil souffre de blocage. Pourtant, la nouvelle loi sur la concurrence adoptée en 2008, a recommandé sa relance, en vain. D'ailleurs, M.Benbada compte remettre en marche ce conseil. «Le Conseil de la concurrence sera bientôt relancé», a affirmé le ministre. Sur ce point, M.Benbada a fait savoir l'existence de problèmes à caractère administratif ayant retardé son installation. «Il y a des problèmes au niveau des rouages administratifs habilités à traiter ce dossier, mais si le travail n'avance pas correctement(...)on demandera son examen par un conseil interministériel», a-t-il déclaré en marge de la plénière de l'APN. Et d'ajouter:«Cela va permettre de débloquer la situation pour arriver enfin à élaborer les textes d'application d'un conseil de concurrence opérationnel». Ebranlé récemment par les émeutes sociales, l'Etat compte garder l'oeil sur les prix. Le ministre promet de poursuivre sa bataille contre les folies du marché. «L'année 2011 sera celle de la régulation du marché et l'instauration de la transparence commerciale», a-t-il répondu à la question d'un député. Selon lui, l'arsenal juridique sera renforcé par une batterie de mesures. Des décrets exécutifs et des arrêtés ministériels seront publiés prochainement. Rendu inquiet par la flambée du sucre et de l'huile, le gouvernement veut se ressaisir et prendre en main le marché. Interrogé sur le fléau de la contrefaçon, M.Benbada a fait savoir que la protection des marques «est d'abord la responsabilité de leurs propriétaires eux-mêmes qui doivent signaler toute contrefaçon à l'Institut national de la propriété industrielle (Inapi)». Le ministre a, dans ce sens, appelé les citoyens à «assumer leur part de responsabilité dans la lutte contre ce phénomène, car, dit-il, la plupart des consommateurs connaissent bien les produits contrefaits mais continuent à les acheter». Saisissant cette occasion, le ministre a appelé les associations de protection des consommateurs à jouer un rôle «plus actif» sur le terrain. Le responsable du secteur a proposé d'ouvrir «un débat national sur la subvention des prix».