Mme Hanoune a plaidé pour la libération de l'Algérie du système du parti unique qui s'est «replâtré et rafistolé» après les événements d'Octobre 1988. Le Parti des travailleurs (PT) distribue les cartes aux acteurs de la société civile pour mener une éventuelle révolution. La secrétaire générale du parti, Mme Louisa Hanoune, estime que sa formation est la seule habilitée à mener une révolution. «On se prépare à toute éventualité et s'il y aurait une révolution, le Parti des travailleurs est le seul parti habilité à la mener», a déclaré hier, Mme Hanoune lors d'une rencontre avec ses militants, qui s'est tenue au niveau de la bibliothèque des frères Barkat à El Harrach, Alger. En s'autoproclamant ce «droit» à mener une éventuelle révolution, le PT dénie-t-il «ce droit» aux autres forces politiques et syndicales agissant au sein de la société? Cela d'une part, de l'autre, il y a un revirement dans le discours de la secrétaire générale du PT. Ce langage, de révolution, d'encadrement en somme du «tout-opposition», est nouveau dans le discours de Mme Hanoune qui est restée mesurée à tel point que certains lui reprochaient même de s'aligner sur les thèses de ce pouvoir qu'elle dénonce aujourd'hui. Mme Hanoune a plaidé pour la libération de l'Algérie du système du parti unique qui s'est «replâtré et rafistolé» après les événements d'Octobre 1988. «Nous sommes dans une période charnière» s'inquiète Mme Hanoune, avant de rassurer car «le jour où la révolution éclate, on y sera, on l'encadre et on sera à l'avant-garde et on assumera notre responsabilité». La première responsable du PT a rappelé, dans ce sens, que sa formation était la seule à s'opposer à l'Accord d'association avec l'Union européenne et au plan d'ajustement structurel. Ce sont là des arguments suffisants à ses yeux, pour mener une révolution «même contre le capitalisme». Dans la foulée, l'intervenante a broyé, sans le citer, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), lui déniant aussi le droit de contester l'ordre établi. «Ceux qui ont soutenu hier le système de Ben Ali et le capitalisme ne peuvent prétendre mener une révolution pour changer le même système et soutenir le peuple tunisien dans sa révolution», a-t-elle estimé. Pour Mme Hanoune, la révolte des jeunes durant les premiers jours du mois de janvier en cours n'est qu'un avertissement et plusieurs facteurs préludent à l'explosion. Elle a cité les grèves enclenchées par plusieurs corporations et les mouvements de protestation des jeunes qui éclatent un peu partout. «Il y a une révolution patente chez nous comme partout ailleurs dans le monde», a-t-elle averti, ajoutant qu'il y a urgence à désamorcer la bombe avant que la situation ne dégénère... Pour éviter justement ce risque d'explosion, l'intervenante a appelé le gouvernement à distribuer tous les logements vacants et à ouvrir le champ politique et médiatique. Elle a plaidé pour que l'Etat reprenne le monopole du marché pour empêcher les spéculateurs d'imposer leur diktat, pour l'ouverture des entreprises fermées ces dernières années et pour la nationalisation du complexe industriel d'El Hadjar. Elle a réitéré, en outre, le voeu de son parti d'une Assemblée constituante. Par ailleurs, la SG du PT a abordé longuement la question tunisienne en qualifiant la révolution de son peuple de «révolution authentique» car, elle n'est dictée par aucune force étrangère. «Le peuple tunisien a montré son génie en allant crescendo dans ses revendications passant de celles d'ordre social à celles d'ordre politique», a-t-elle déclaré. A souligner enfin que le PT a répondu à l'invitation du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a sollicité les partis à une rencontre nationale pour faire une lecture profonde des événements qui ont secoué le pays les premiers jours du mois de janvier. Dans ce cadre, le porte-parole du parti, Djelloul Djoudi, a fait savoir que les dirigeants du PT vont rencontrer prochainement les responsables du MSP.