«Les Américains et les Européens sont entraînés par leurs opinions sans prendre en compte leurs propres intérêts. Car, il faut donner à nos amis (Moubarak) le sentiment qu'ils ne sont pas seuls.» Le soulèvement des Enfants du Nil, décidément déterminé à déloger le «Pharaon» de son palais, fait, sans doute aucun, trembler les gardiens «du temple» de l'Etat israélien. Pris de panique et d'inquiétude quant à l'effondrement du régime du Raïs, en place depuis 30 ans, les officiels israéliens s'accusent d'abord mutuellement avant de faire appel aux Etats-Unis d'Amérique et à l'Union européen leur demandant de soutenir Hosni Moubarak, en butte à une vague de contestation sans précédent contre le régime en place, depuis 1981. Israël a, en effet, fait parvenir un message secret aux Etats-Unis et à des pays européens pour les solliciter à prêter main forte à leur «allié stratégique» garant du bon fonctionnement de la stratégie israélienne au Moyen-Orient, en général, et en Palestine en particulier. Dans leur message, les responsables israéliens soulignent: qu'«il est de l'intérêt de l'Occident et de l'ensemble du Moyen-Orient de maintenir la stabilité du régime Hosni Moubarak en Egypte», souligne, unanime la presse israélienne. En Israël, tout porte à croire qu'il n'approuvent pas la ligne adoptée par les Etats-Unis et l'Union européenne. «Les Américains et les Européens sont entraînés pas leurs opinions publiques, et ne prennent pas en compte leurs véritables intérêts. Même si on peut critiquer Moubarak, il faut donner à nos amis le sentiment qu'ils ne sont pas seuls. En Jordanie et en Arabie Saoudite, on voit la réaction de l'Occident, de quelle manière tout le monde abandonne Moubarak, et cela aura des conséquences très graves», a déclaré un haut fonctionnaire israélien, repris par la presse israélienne. Et de soutenir, dans le même contexte, que: «le régime Moubarak doit tenir, quitte à opérer un changement de personne à sa tête». C'est dire que l'effondrement du régime Moubarak, qui fait tant peur aux Israéliens, constitue par voie de conséquence, l'entame d'une reconfiguration géostratégique au Moyen-Orient fortement redoutée par Israël. En corollaire, Israël a fait savoir qu'il «est nécessaire aux Européens et aux USA de modérer les critiques qui sont émises publiquement à l'égard du président Hosni Moubarak». Le message secret adressé à l'UE et aux USA se veut, à cet effet, une «réplique» des officiels israéliens à leurs alliés occidentaux à la suite des communiqués publiés en fin de semaine par plusieurs pays occidentaux manifestant «un semblant de solidarité», avec le peuple égyptien, et voulant en finir avec Moubarak. En dépit du refus d'Israël de s'exprimer officiellement sur la «révolution du peuple égyptien» contre le régime, la presse hébraïque a souligné, dans son édition d'hier, que de hauts fonctionnaires israéliens ont affirmé que leur ministère des Affaires étrangères a adressé, samedi soir, des instructions à ses ambassadeurs dans une dizaine de pays - aux Etats-Unis, en Russie, en Chine, au Canada et dans plusieurs pays européens - afin que le message concernant l'importance de la stabilité en Egypte soit répercuté au plus vite. De ce fait, Israël demande à ce que la campagne contre Hosni Moubarak soit freinée. «Il faut en conséquence freiner les critiques publiques à l'encontre du président Hosni Moubarak», a souligné ce message envoyé à la fin de la semaine, selon le journal hébreu Haaretz. La radio militaire, qui a repris cette information, a estimé, de son côté, que: «cette initiative constitue une critique à l'encontre des Etats-Unis et des pays européens qui ne soutiennent plus le régime du président Moubarak». Par ailleurs, un haut responsable israélien a exprimé, pour sa part, son inquiétude quant au risque de la chute du régime du président égyptien Hosni Moubarak, confronté à une contestation interne sans précédent. En plus, la réaction de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton interviewée, hier, par cinq médias différents, a provoqué le courroux des Israéliens. Sur CNN, elle s'est refusée, il est utile de le noter, à exprimer son soutien au président Moubarak: «Je ne veux adresser aucun message de soutien à qui que ce soit», a-t-elle déclaré. Sur CBS, elle a refusé de dire si, à son avis, le président Moubarak doit quitter ses fonctions: «Je refuse de spéculer sur qui doit partir et qui doit rester». Enfin, il est à noter que des membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense débattant la situation en Egypte ont, quant à eux, accusé d'échec le chef du service du renseignement israélien, le général Aviv Kochavi, dans son analyse des événements en Egypte et de n'avoir pas pu prédire «la révolte égyptienne»