Une situation qui laisse plus d'un sceptique quant à une issue rapide et pacifique. Les offres de dialogue du pouvoir, qualifiées très souvent de «sournoises» et l'intransigeance des ârchs ont amené avec le temps la Kabylie à vivre une situation des plus exceptionnelles caractérisée par la violence au quotidien et, depuis le 10 octobre, un vide institutionnel. Une situation qui laisse plus d'un sceptique quant à une issue rapide et pacifique. Les révélations faites le lundi dernier par M.Ali Gherbi sur «l'existence de contacts entre des émissaires du pouvoir et les ex-dialoguistes et détenus» ont laissé perplexe une population fortement dé-sabusée qui craint, eu égard à l'allure prise par les événements, un nouvel échec avec toutes les conséquences qu'il engendrerait. Ces initiatives que la figure de proue du mouvement citoyen n'hésite pas à qualifier une nouvelle fois de «sournoises», verront, à suivre le raisonnement du conférencier, le jour à la faveur d'un appel au dialogue que le Chef du gouvernement «s'apprête à lancer» dans les jours qui viennent. L'animateur de la CIC Béjaïa pense que «toutes ces initiatives sont vouées à l'échec, car agir de la sorte ne participe pas au règlement d'un conflit qui entame son 20e mois», mais, explique-t-il encore, «au maintien de l'apaisement». Ne cachant pas son appréhension devant un «remake du dialogue de décembre 2001», le conférencier avance l'idée de «l'organisation d'un conclave historique» qui sera consacré «à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur». Ce qui laisse penser, selon de nombreux observateurs, que cette perspective sera inscrite à l'ordre du jour du conclave de la coordination intercommunale qui s'ouvre aujourd'hui à Amalou. La volonté des animateurs de «ne pas se précipiter» a vu le jour lors du conclave d'Akfadou au cours duquel «le retour à la base» et «voir ce que pensent réellement les citoyens par rapport à la situation actuelle». L'option de la fermeture des daïras proposée, avec insistance, par la Cadc de Tizi Ouzou avait été, lors de la rencontre de l'interwilayas à Tifra, rejetée par toutes les autres coordinations sous prétexte que «la base citoyenne n'a pas été consultée». La reconnaissance de «l'existence de bonnes volontés à l'intérieur et l'extérieur du pouvoir», auxquelles certains animateurs, à l'image d'Ali Gherbi, «garantissent leur soutien» et l'inscription à l'ordre du jour de la rencontre d'aujourd'hui des perspectives politiques, qui normalement, sont issues de la base citoyenne, plaident pour un règlement pacifique de la crise en Kabylie. Les analyses des positions des uns et des autres laissent penser que «le déclic amorçant une nouvelle étape dans la crise de Kabylie pourrait avoir lieu ces jours-ci». L'exigence d'Ali Gherbi quant à «une position claire et publique des autorités par rapport à la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur» ne manquera pas d'être renouvelée par le reste des animateurs à l'issue de la rencontre d'aujourd'hui qui aura pour mission «de contrecarrer toutes ces initiatives sournoises». Se déclarant comme «force politique» constituant «un enjeu entre les clans du pouvoir», le mouvement citoyen s'investit dans la réflexion pour déboucher sur des perspectives politiques à la hauteur du sacrifice de la population. Du bilan des dernières actions inscrites au programme des ârchs «devraient être tirées de nombreuses leçons qui servirontde base pour de meilleuresperspectives», pensent les analystes. En tout état de cause, beaucoup d'indices plaident pour le retour de l'action politique éloignant par là le spectre de la violence qui a fortement pénalisé l'ensemble des citoyens.